Michel Parmentier — Galerie Loevenbruck
La galerie Loevenbruck présente un ensemble d’œuvres de Michel Parmentier de la deuxième partie de sa vie. De la peinture initiale comme pièce maîtresse d’un argumentaire destiné à en questionner l’origine même, Parmentier intègre ses principes dans une variation au fusain sur papier sans perdre pour autant les problématiques qui l’ont toujours animé.
« Michel Parmentier — Calques — Tracing Papers, 1989-1991 », Galerie Loevenbruck du 29 novembre 2019 au 18 janvier 2020. En savoir plus En 1986, alors qu’il sort d’une période d’abstinence picturale de quinze années et n’utilise que de la peinture noire depuis 1983, Michel Parmentier décale sa pratique en créant sa première œuvre sur papier. De ses bandes de couleur parvenues à la neutralité systématique d’une pratique « clinique » et uniforme, la mine sur papier révèle des nuances, des manques et des épaisseurs variées qui iront une fois encore jusqu’à la quasi-disparition de l’acte du peintre dans de seules lignes tracées à main levée. En 1989, il modifie son support et adopte le calque, au cœur de cette exposition de la galerie Loevenbruck, qui poursuit ainsi le cycle entamé autour de l’artiste avec notamment ses précédents travaux 17 juillet 1989 — 20 février 1990, rejouant la sobriété des titres de ses travaux (la date de réalisation accompagnée du cachet de l’artiste). Plus thématique, l’exposition Calques — Tracing Papers, 1989-1991 joue également la simplicité en se pliant aux desiderata d’un artiste scrupuleux de voir présentées ses œuvres dans leur plus grande nudité.Dans l’espace de la galerie, les densités de matière picturale (uniquement des traits réalisés au fusain) s’étalent ainsi sur des feuilles dont la légèreté, la fragilité apparente, tranchent avec la monumentalité de leurs dimensions. Ces quadrilatères d’environ trois mètres sur trois à l’exception ainsi qu’un rectangle érigent, sur leur format « standard », des lignes horizontales épaisses constituées de traits verticaux qui brouillent leur régularité. La neutralité géométrique, si elle est centrale dans la démarche de Michel Parmentier, est parcourue dans cette série d’intensités dynamiques qui en font vibrer l’intérieur pour y laisser émerger une dimension organique. Irréductible à son seul discours, l’œuvre de Michel Parmentier continue ainsi aujourd’hui d’éveiller des options possibles, poursuivant sa remise en cause conceptuelle de la peinture pour se parer, avec le temps, d’ouvertures toujours plus riches.
La ligne de pliure, essentielle depuis ses premières œuvres dans les années 1960, devient ici également motif et perturbe, à son tour la régularité géométrique qui se voit reléguée en une simple contrainte (les fameux trente-huit centimètres nécessaires à chaque bande) dont l’examen attentif révèle toutes les variations.
Le papier calque, support de l’œuvre, devient aussi révélateur de son espace, témoin d’une surface empruntée à la structure de monstration qui l’intègre au dessin. Les niveaux, s’ils ne se confondent pas, se rencontrent et se conjuguent pour marquer une cartographie de cette même surface ; en frottant le fusain à même le mur, le calque se pare des reliefs du lieu de leur monstration initiale, s’intégrant définitivement dans une histoire de l’espace. Histoire qui se voit explorée également du côté de la biographie de l’artiste avec divers documents venant témoigner des premières installations de ces œuvres à travers le monde et les réinscrit dans des contextes différents, en révélant la force plastique indéniable et toujours aussi radicale, ainsi qu’un « dessin » préparatoire.
Loin de ne constituer qu’une réduction, l’économie du « degré zéro » se fait précipité d’une expérience essentielle de la peinture et du motif. L’acte du peintre, s’il parait se perdre dans l’anonymat d’une commande mécanique, ouvre également la voie à l’imaginaire en s’étirant virtuellement à l’infini. La ligne intègre alors cette réaction primaire, primordiale et fondamentale de la trace, de l’acte de marquer présence dans une frise perpétuelle qui unit la matière au temps.
La galerie Loevenbruck sera fermée du 22 décembre 2019 au 02 janvier 2020