Mieko Meguro — Librairie Marian Goodman
La galerie Marian Goodman présente dans l’espace de sa librairie une exposition de Mieko Meguro qui décline une série de portraits de l’artiste qui partage sa vie, Dan Graham.
« Librairie Marian Goodman — Mieko Meguro, Manga Dan, Sharaku Moments », Galerie Marian Goodman du 7 novembre 2019 au 11 janvier 2020. En savoir plus Entre portraits de leur propre intimité et images d’Epinal d’un artiste érigé au rang de personnalité publique, Mieko Meguro fait de son compagnon de longue date, Dan Graham, l’ours bougon ou enjoué d’une narration personnelle qui s’écrit à l’encre et à l’huile, qui se tisse jusque sur le mobilier. De la légèreté inoffensive semble d’emblée se dessiner les contrastes et contradictions d’une vie dans le regard, une accumulation de scènes du quotidien qui le fait vaciller, le déplace jusque sur des coussins accueillant un Dan Graham affublé d’un t-shirt « Fuck kale » qui poursuit d’autres projets qui nous invitaient à partager le quotidien de Dan Graham à travers une sélection de films à regarder sur d’autres coussins à son effigie.Les traits particulièrement simples, s’ils réduisent l’expression à l’essentiel, disent également beaucoup de la fascination et de l’attention de l’artiste pour son sujet. Mais c’est véritablement dans certaines huiles que l’ambition de Meguro se fait jour, établissant un almanach des attitudes d’un homme qu’elle décline en s’inspirant du fameux portraitiste japonais Toshusai Sharaku qui bouleversa le monde de l’estampe japonaise avec une multitude de visages dont l’expression, le jeu de masques (pour la plupart il s’agissait d’acteurs du théâtre Kabuki) constituaient l’identité, dont la poignante vérité fait sort à l’outrance apparente.
À son tour, à travers son regard forcément empathique, Meguro répète cette représentation de l’allusion implicite pour faire de son sujet un personnage public que chacun peut à son tour s’approprier. D’une certaine manière, en usant du filtre affectif pour un homme qui partage sa vie, Meguro déborde la naïveté apparente pour inventer une mythologie personnelle qui désacralise précisément cette figure d’autorité dans l’art conceptuel dont l’exposition, en parallèle, se donne à nouveaux frais.