Morgane Tschiember — Seuils — Critique — Slash Paris

« Seuils — Morgane Tschiember », Fondation d’entreprise Pernod Ricard du 5 juin au 7 juillet 2012. En savoir plus En recevant Morgane Tschiember, la fondation Ricard propose une entrée subtile et réussie dans l’œuvre de cette artiste éclectique qui revisite l’histoire des formes et des matières. Le parti pris de la sobriété adopté ici par la commissaire d’exposition Claire Moulène permet ainsi de mesurer la force de pièces capables d’habiter l’espace avec une rare cohérence.

Mêlant références historiques et inventions plastiques, Morgane Tschiember crée une véritable esthétique de la réflexion qui articule deux dimensions essentielles et complémentaires de la création. Réflexion sur l’espace d’abord avec cette redistribution de la géographie du lieu par ses œuvres. Disposées au sol, en plein passage, accrochées au mur ou suspendues au plafond, les créations de l’artiste repensent l’espace et s’y intègrent autant qu’elles se l’approprient.

Réflexion sur le médium ensuite avec ses Bubbles qui mettent en scène trois des matériaux principaux de la sculpture (verre, béton et acier) pour former un ensemble de pièces captivantes. Chargées d’histoire, elles retrouvent en définitive une rare liberté de forme, s’imposent d’elles-mêmes tout en dévoilant le procédé de l’artiste. Une logique à l’œuvre également dans son Unspecific Space flottant dans les airs, qui fait de chacune des traces de soudures un motif unique qui en finit avec le masque de l’artiste.

Ici, la fonction fait fond ; c’est alors sans fard que les six œuvres de Seuils installent un univers captivant où, par la matière et par le geste, Morgane Tschiember parvient à habiter l’espace en silence, cachant derrière chacun des stigmates de sa création la présence d’une rencontre entre un artiste et sa matière. L’essence, en quelque sorte, du travail artistique.