Otium #4, Leone Contini, Maria Laet, Kate Newby — IAC, Villeurbanne
Les artistes contemporains Leone Contini, Maria Laet et Kate Newby, ont été invités à présenter leur travail à l’IAC, notamment des œuvres inédites. Comme un long voyage, le visiteur traverse un à un trois univers singuliers.
« Leone Contini, Maria Laet, Kate Newby — Otium #4 », Institut d'art contemporain de Villeurbanne du 29 mai au 11 août 2019. En savoir plus Les sphères de recherche de ces trois artistes, venus de régions différentes du monde mais issus de la même génération, sont a priori chacune empreintes d’une forte singularité. Pourtant, au sein de l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, leur proximité spatiale fait émerger des points de rencontre, thématiques et esthétiques, entre leurs travaux — bien qu’ils aient conçu leur exposition indépendamment les uns des autres. C’est ce qui fait la qualité de d’_Otium_ #4. À travers vidéos, installations et sculptures, Leone Contini, Maria Laet et Kate Newby semblent avoir chacun pensé comme inextricable la question du lien entre nature et culture d’une part et celle du temps d’autre part — de grands thèmes ancestraux en réinvention incessante.Un des projets de l’Italien Leone Contini pour l’IAC est d’avoir disposé à l’intérieur un tas de terre et de débris qui renferme des graines de baobab d’origines italiennes (La Colline aux baobabs). Cette installation, qui suscite l’imagination de leur croissance inappropriée dans cet espace, interroge la façon dont une structure artificielle peut être réappropriée par la nature. Dans la vidéo Terre (Canudos) de la Brésilienne Maria Laet, une main humaine coud une surface de terre avec un fil et une aiguille. Ce geste, qui s’engage consciencieusement et avec précaution dans une réparation précaire, est aussi bien symbole de connexion que de séparation, à l’image de la relation ambiguë entretenue par l’humain avec la planète. Une question que l’on retrouve dans le travail in situ de Kate Newby, Wild was the night. Dans l’ensemble de ses espaces d’exposition, la Néo-zélandaise a creusé des fentes dans le sol où se trouvent des petites sculptures de céramique, tels des coquillages, et des morceaux de verre trouvés dans l’espace public lors de ses promenades — créant le trouble d’un paysage mi-naturel mi-artificiel.
Plutôt qu’un jeu d’échos et de résonances qu’aurait produit une exposition commune, le choix judicieux de la commissaire Nathalie Ergino de présenter, avant tout, trois expositions personnelles, donne lieu à une porosité particulière. Ce sont en effet des infiltrations, des interpénétrations subtiles et insidieuses qui se dessinent en secret au fil du parcours, nourries par les mouvements entre intérieur et extérieur, dessous et dessus, proche et lointain élaborés par les trois artistes. Les œuvres elles-mêmes peuvent être perçues comme synonymes de la façon dont se trament ces intrications : un liquide qui s’écoule lentement dans une fissure (Maria Laet), une racine en devenir qui parcourt secrètement de longues distances (Leone Contini), un fil qui passe d’une pièce à une autre par une ouverture circulaire (Kate Newby). Le spectateur est invité à évoluer dans ces trois espaces distincts d’une manière similaire : avec lenteur et fluidité, au profit d’une visite approfondie, inspirée et engagée. L’IAC définit d’ailleurs l’otium comme « un laps de temps intermédiaire propice à la réflexion, à la méditation, à la prise de conscience ».
Les travaux de Leone Contini, Maria Laet et Kate Newby se rejoignent donc au sein d’un vaste réseau de questionnements divers qui, ensemble, tissent le sujet profondément contemporain de notre rapport à la Terre au prisme du temps qui passe.