Philippe Mayaux — Galerie Loevenbruck
Hantée par les figures de mort, la nouvelle exposition de Philippe Mayaux réussit une fois encore ce tour de force de la subversion radicale qui en finit avec les valeurs pour inventer une langue esthétique « invraisemblable », troublante et jubilatoire.
« Philippe Mayaux — Æntre », Galerie Loevenbruck du 14 février au 29 mars 2014. En savoir plus Avec Philippe Mayaux, les crânes trouvent ici une valeur, une fonction, l’un frappe régulièrement la cloche, le second est au centre du dispositif métaphorique de Sexentêté, semant derrière eux le fantôme de la vanité pour projeter son art sur le plan de l’évidence, du sensible et de l’affect. Son Æentre est précisément une caverne de confusion des valeurs, les lignes de partage s’interpénétrant pour fomenter des formes, des chimères qui réclament leur droit à l’existence. Le droit de revendiquer avec force l’oubli dans Entrusted to Oblivion qui, par l’ajout du message vindicatif au cœur du tableau, révèle l’ordre autoritaire de la réalité et, par extension, la nécessité de la dépasser en s’appropriant ses signes pour fabriquer des machines, images et sculptures qui la subvertissent.Le droit surtout de se jouer de ce monde et de pénétrer, avec un même sérieux, ce qu’il rejette ; le laid, le sale, l’immonde, pour leur redonner vie et faire émerger, à rebours de leur tendance à la destruction, une véritable pensée de la « reconstruction ».
Un univers qui reste d’une pertinence et d’une intelligence absolues, confondant en des allégories du monde les sentiments d’angoisse, de terreur, de dégoût et de joie.
C’est peut-être aussi pour ça que Philippe Mayaux, plutôt que de s’éloigner des formes qu’on lui connaît, continue de les forer comme on tente de percer l’émail d’une obsession, fouillant avec une méticulosité maniaque les soubresauts de sa pensée. Au fond, il apparaît bien qu’au-delà des symboles et des métaphores, c’est à la quête de la fabrication, de la possibilité d’inventer l’image par tous les moyens, sans jamais l’apprivoiser ni la filtrer, que nous ramènent ces œuvres qui se meuvent « entre » tous les qualificatifs.