Sarkis, Au commencement le blanc — Galerie Nathalie Obadia
Le blanc comme non couleur ou réunion de toutes les autres a rempli la galerie Nathalie Obadia à l’occasion de l’exposition monographique de l’artiste Sarkis. Le blanc a chassé le rose de sa dernière installation au MAC/VAL. Comme un gage de re-commencement.
« Sarkis — Au commencement le blanc », Galerie Nathalie Obadia du 9 janvier au 1 mars 2014. En savoir plus Au commencement était le verbe. Mais pour Sarkis, était la nourriture. C’est par un étrange meuble de cuisine de restaurant que s’ouvre le parcours qui, plus loin, sera également semé de riz. Là, sur des plaques métalliques sèchent comme autant de plats en préparation les dessins de Sarkis. La peinture, blanche et épaisse laisse sur chaque feuille une auréole de gras. Il y a quelque chose de goulu, de hautement désirable, dans cette cuisine des formes. En vis-à-vis, ses tableaux criblés de riz rappellent un Arte Povera qui aurait croisé la route de Daniel Spoerri. Même les couches épaisses blanches déposées sur des tréteaux un peu plus loin évoquent une crème fouettée ou le glaçage imparfait d’un gâteau. Mais ici, point de métaphore qui regarderait du côté de la nourriture de l’âme. Surtout pas. Sarkis revient à l’essentiel, au plus bas de la pyramide de Maslow, aux conditions vitales de l’existence. Le blanc est une valeur, non une couleur. En l’absence de couleur, il faudra donc penser la texture, la forme, la matière. Le mouvement, bien sûr, pour celui qui a réalisé de nombreux films.Ainsi électrise-t-il notre rétine et la met-il en mouvement par ses néons immaculés, comme la foudre viendrait rappeler à l’homme qu’il est en vie.
De même, pourquoi a-t-il caché certaines de ses œuvres ? Pour que la seule présence d’un rideau rappelle l’imparable différence entre ce qui est et ce qui n’est pas. D’un seul geste, le regardeur soulèvera le voile et choisira de voir, ou non, la toile. Il pourrait ne rien y avoir. Ni lumière, ni vie. Sarkis nous le rappelle avec simplicité.
On pense évidemment au Carré blanc sur fond blanc de Malévitch avec qui Sarkis dialogue sans cesse et qui signa en 1918 le premier monochrome contemporain. Blanc sur blanc, et contre toute attente, le geste naît.