Sebastiao Salgado — Maison européenne de la photographie
La maison européenne de la photographie réserve au photo-journaliste brésilien Sebastião Salgado un accueil aussi pléthorique qu’hagiographique en lui consacrant notamment toutes ses salles.
Célébration vibrante de celui qui émerveilla les Rencontres d’Arles en 2011 avec ses images des puits de pétrole koweïtiens au lendemain de la guerre du Golfe, qui fut également consacré pour son travail sur la mine d’or de Serra Pelada autant que pour son ouvrage sur les Hmongs. Ici, il présente le projet Genesis mené depuis huit années au long d’une trentaine de voyages. « Hommage photographique à notre planète dans son état naturel », selon ses mots.
« Sebastião Salgado — Genesis », MEP, Maison européenne de la photographie du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014. En savoir plus Face aux images léchées, sempiternellement prises en noir et blanc, d’une « palette clair-obscur » précisera son éditeur, on a peine à croire que Salgado est autodidacte. En effet, avant de passer par les différentes agences Sygma, Magnum et Gamma, il fut docteur en économie. De cette formation, il gardera un sens aigu de la précision, d’un regard lucide sur le monde qui l’entoure. Aussi, son projet Genesis, engagé politiquement, et écologiquement garde-t-il la trace d’une conscience économique poussée. Fonte des glaces, espèces en voie de disparition, tribus indigènes de Papouasie… Salgado immortalise et sublime l’homme et la nature pour dit-il imposer, par la beauté, le devoir de protéger la planète. Formellement à couper le souffle, les images semblent tantôt peintes, tantôt dessinées, oumême gravées. La technique est virtuose, les tirages d’une force irréelle. Leurs grains agrippent le regard jusqu’à l’hypnotiser. Mais il faut être prévenu, le parcours est proche d’un reportage que pourrait publier le magazine GEO, (la dimension artistique en plus bien sûr). Thèmes imposés donc… Défilent sous nos yeux, éléphants et lions d’Afrique, tortues des Galápagos, baleines de l’Antarctique, jungle amazonienne… De nombreux peuples ont posé sous son objectif ; Nénètses de l’Arctique, Dinka au Soudan, Korowai en Papouasie Occidentale. Tandis que déserts du Sahara, Grands Canyons et glaciers tiennent également lieu de décor. Il faut donc être sensible à une vision holiste du monde. Aimer penser la symbiose entre l’homme et la nature. Etre une âme contemplative. Mais savoir passer son chemin si le thème ne sait convaincre.
Montrer la beauté de la planète pour faire prendre conscience à l’homme qu’il la détruit à petit feu manque de problématisation et d’égard pour de réelles solutions. Nul doute que la démarche soit sincère, mais elle contient ses propres limites.