St.op-St.art — Tamas St. Turba
Level One propose un ensemble très libre et très frontal compilé par l’artiste hors catégorie Tamas St. Turba (alias Szentjóby). Une liberté qui passe forcément par la multiplication des supports pour des revendications plurielles, autant sur le plan politique que sur le plan artistique. Car incontestablement, St. Turba développe un langage de lutte qui, compilant ses nombreux travaux, fonctionne comme un atelier de résistance au monde, au cynisme et à la récupération. Force de questionnement, l’Union internationale parallèle des télécommunications représentée par l’artiste agite les idées au moyen de la musique, du film ou de la sculpture. Le film Centaure, pièce majeure de l’exposition, acquiert, au travers de ses images d’archive d’une société censée être égalitaire, une beauté troublante de suggestion (l’effroyable plan d’une main engourdie sur laquelle on verse, tandis
qu’elle tremble encore de l’effort de la journée de travail, sa paie de quelques billets). Le terrible ballet industriel, surmonté d’un dialogue inventé par l’artiste, questionne la condition de l’individu dans cet enfermement aveugle, obsessionnel, tandis que la libération semble possible par le décalage de l’imaginaire. Réseau d’échanges rythmé par la mécanique humaine des premières industries, l’exposition St.op-St.art invente des moyens nouveaux de communication et les expose sans complexe, invitant le spectateur à participer au débat d’idées sous la forme d’œuvres à questionner, à activer, autant que d’un référendum sur la nécessité d’un revenu de subsistance minimum prélevé sur le budget de l’armée. Une figure rare que Level One permet de découvrir dans toute sa complexité.