Violaine Lochu — Centre d’Art Contemporain Chanot, Clamart
Pour sa première exposition personnelle — au CACC — la jeune artiste Violaine Lochu convoque notre attention la plus méditative et sollicite notre capacité à nous abandonner.
« Violaine Lochu — Hypnorama », Centre d'Art Contemporain Chanot CACC du 27 janvier au 25 mars 2018. En savoir plus Le son des vidéos baigne l’espace dans une nappe narcoleptique teintée de la poésie sonore dont l’artiste semble avoir fait sa spécialité. L’exposition compile subtilement des partitions dessinées, des ouvrages publiés de concert avec le graphiste Christophe Hamery, des vidéos hypnotisantes et une installation surprenante qui donne son nom à l’exposition Hypnorama. Artiste-performeuse, Violaine Lochu rayonne pourtant par son absence dans cette première exposition d’envergure, privilégiant des excroissances de ses œuvres performées comme autant de dispositifs qui la transfigurent.Avec la pièce inédite et immersive Hypnorama, pensée à plusieurs, notamment avec Guillaume Constantin pour la création de l’environnement et Baptiste Joxe pour la lumière, elle délivre une interprétation sonore et visuelle d’un état dont nous faisons l’expérience quotidiennement : l’hypnagogie. Le phénomène qu’illustre ici Violaine Lochu est celui qui caractérise ce moment de transition entre éveil et première phase d’endormissement. Graduellement menée, la séance d’environ quinze minutes plonge le visiteur dans une symphonie onirique entre rêve et cauchemar. Dans une salle noire confinée et confortable, les compositions sonores s’imbriquent dans un jeu de lumière progressif et semblent rejouer cet état de semi-conscience. Avec comme point de départ un fait très inscrit dans le réel, Violaine Lochu ajoute une pierre à l’édification de ses explorations sur le corps-matrice. Dans le même registre que certaines de ses performances, Hypnorama vient puiser au cœur des tensions internes de l’humain et livre une expérience qui est imprégnée de pratiques divinatoires ou chamaniques.
L’exposition révèle également un ensemble d’œuvres correspondant à certaines performances antérieures dont nous avons ici les traces grâce à des vidéos, dessins et éditions. Suite à sa récente résidence en Laponie, l’artiste propose Saddat, une vidéo inédite dans laquelle elle s’efforce — grâce au jeu de caméra — de dévoiler la nature d’un point de vue perspectiviste. Dans une ambiance sonore immersive (et ce, malgré l’expérience au casque toujours à nuancer) et un rythme dense, elle nous propulse alternativement dans la peau d’un arbre, d’une pierre, d’un poisson ou d’un renne…
L’ouvrage Johtolat (terme same pour désigner la route, l’itinéraire et la connexion) vient également s’imbriquer dans la documentation de son séjour en Norvège et en Suède. Strate supplémentaire de compréhension et de narration sur les incarnations dévoilées dans la vidéo Saddat, la cartographie éclatée de photographies disposées dans la publication donne à voir un parcours qui prend des allures de migration. Grâce à l’impression sur papier journal, la transparence de la feuille offre ainsi aux images de nouveaux espaces pour se rencontrer et se superposer.