Vue de l’exposition Anatoly Osmolovsky, Bonbons toxiques, galerie Robert Vallois, Paris, 2025
© Slash-Paris, 2025
Anatoly Osmolovsky — Galerie Robert Vallois
Focus
Article
November 22, 2025 — By Lana Dali
Exilé de son pays natal, l’artiste russe Anatoly Osmolovsky présente à la galerie Robert Vallois une exposition où la beauté devient un terrain piégé et où le danger gronde derrière chacune des formes apparemment innocentes.
Anatoly Osmolovsky — Bonbons toxiques @ Vallois Gallery from October 9 to November 29.
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Bonbons toxiques réunit des sculptures et reliefs dont l’éclat raffiné masque des interrogations plus sombres : fascination pour la force, survivances idéologiques, brouillage du sacré et du politique. L’artiste y façonne un univers où la violence s’insinue dans les formes les plus séduisantes, transformant chaque pièce en révélateur ambigu de notre époque. Sous l’impulsion d’un commissariat attentif aux enjeux historiques et la publication d’un catalogue riche, cette traversée de cinq ensembles récents déploie une vision aiguë du pouvoir des images — et de ce qu’elles savent dissimuler.
En mélangeant les codes esthétiques et les traditions, l’artiste confronte en réalité la croyance et la confiance au doute le plus terrible, celui de sa propre conviction. L’ornement et l’expression se révèlent outils de manipulation et l’on s’enfonce dans l’exposition comme dans la conscience que les séductions du passé vibrent d’une troublante actualité.
Les tourelles de chars stylisées renvoient à une idéalisation de la forme, esthétisant un engin de mort. En face, les porte-document étalent leurs couleurs innocentes pour
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Vue de l’exposition Anatoly Osmolovsky, Bonbons toxiques, galerie Robert Vallois, Paris, 2025
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Vue de l’exposition Anatoly Osmolovsky, Bonbons toxiques, galerie Robert Vallois, Paris, 2025
© Slash-Paris, 2025
retrouver des symboles autrement chargés d’histoire quand le pain, arme politique par essence, devient le réceptacle d’une tradition religieuse et sous-tend une rencontre à haut risque entre les ordres. Se nourrissant de ces contradictions qui n’ont pas fini de hanter les sociétés post-soviétiques, l’oeuvre d’Osmolovsky n’épargne pas moins ceux qui ont pu regarder avec envie un système renversant les idoles pour mieux ériger les siennes.
Dans ce maëlstrom de pensées ambiguës, la destruction, pourtant n’est pas seule fin possible et, malgré les tragédies évoquées, la création, même si elle s’érige sur le danger, prouve par l’acte qu’elle est encore possible ? Un espoir ? Peut-être simplement un espoir d’espoir et c’est ici déjà beaucoup…