Édito Quarante-quatre
Les foires reviennent cette année avec une certitude ; l’art contemporain s’installe définitivement comme un emblème fort de l’année culturelle parisienne. La ville elle-même s’en fait l’écho à travers son affichage municipal dédiée à l’ensemble des manifestations de La Contemporaine .
Quelques grandes lignes se dégagent cette année qui semblent particulièrement ancrées dans l’actualité. Avec d’abord une indéniable augmentation de grandes figures féminines ; la conséquence vertueuse d’un mouvement de société qui aura malheureusement eu besoin de scandales pour réfléchir même au déséquilibre insolent qui régnait dans les programmations artistiques. Loin de régler la question, le monde de l’art semble néanmoins répercuter, sans citer ceux qui l’avaient déjà anticipée, cette problématique plus que de coutume.
Un mouvement salutaire que l’on retrouve dans les grandes expositions qui accompagnent cette saison tant il encourage à mettre en avant des figures qui sont loin de constituer des faire-valoir et rendent justice à des œuvres passionnants que l’histoire et le marché, par habitude ou par mépris, auront laissés de côté. La question migratoire ensuite, déjà au centre de nombreuses propositions ces derniers mois, trouve ici encore un écho qui délaisse un peu les questions d’identité pour interroger, de manière plus pragmatique, les frontières, ces balises de vies qui s’exilent et les regards de plus en plus méfiants des sociétés qui les jouxtent.
Enfin, outre la présence accrue d’artistes japonais (répondant à l’anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays), une belle ouverture aux figures d’Amérique du Sud semble percer cette année.
Quant à la forme, elle aussi répond à des critiques émises depuis bien longtemps et les galeries semblent de plus en plus sensibles (pour des raisons intellectuelles autant qu’économiques) à la saturation d’œuvres présentées hors contexte. Les galeries à leur tour (encore une fois, certaines l’ont perçu avant d’autres) privilégient de plus en plus les stands présentant de véritables propositions curatoriales ; autant de sas de réflexion et de respiration dans des allées surchargées, quand elles ne sont pas redondantes où l’esprit, autant que l’oeil se voit sollicité. On ne peut que saluer cette réaction des galeries face aux modes de production et de diffusion dont s’emparent à leur tour des artistes loin de trouver, pour la majorité d’entre eux, l’équilibre dans cette valse commerciale. Car en faisant vivre de véritables regards, elles brouillent les pistes de la seule logique d’écurie pour s’ouvrir à des différences qu’elles n’auraient pas nécessairement, seules, perçues.