Alejandro Cesarco, Secondary Revision — Le Plateau
Au Plateau, jusqu’au 23 février prochain, se déploie une cartographie sensible de l’univers habité d’Alejandro Cesarco. Construite comme une autobiographie, l’exposition propose une immersion dans les références de cet artiste uruguayen.
Alejandro Cesarco — Secondary Revision (Élaboration secondaire) @ Frac île-de-france, le Plateau from December 12, 2013 to February 23, 2014. Learn more Alejandro Cesarco convoque l’absence. Il filme son père qu’il sait condamné par la maladie (Present Memory, 2010). Il écrit l’index imaginaire d’un livre qu’il n’a jamais écrit . Il reproduit des textes d’ouvrages d’auteurs qu’il admire. Tout comme il invite des artistes qu’il aime à exposer au sein de son exposition. Son travail existe ainsi par son absence propre et la présence qu’il laisse aux autres. Aussi, d’humilité il est souvent question dans cette exposition dont le titre français, Élaboration secondaire, est sans doute à comprendre comme une vision de la création par et en fonction de ce que l’esprit a vu, vécu, ressenti et connu du monde avant de le réinterpréter. Comme si Cesarco avouait sans peine que son geste ne vient pas de lui seul et sa production, initiée par d’autres est elle-même « secondaire », comme l’entendait Freud.Le champ littéraire est par exemple de nombreuses fois sollicité. Marguerite Duras ou Maurice Blanchot, par leurs mots, peuplent ce parcours qui sonne alors tout entier comme un méta-discours sur l’art et les conditions de possibilités de son émergence. Voilà pourquoi, parfois, il est difficile de distinguer la création originale de la simple citation. En quoi, finalement, Alejandro Cesarco signe-t-il de son empreinte son propre travail ? Comment se confier à son regard,
Construite comme une autobiographie, l’exposition propose une immersion dans les références de cet artiste uruguayen.
lui qui détourne sans cesse le sien vers l’ailleurs, le hors champ, l’extérieur ou l’autre ? Il est question ici d’une guerre sourde entre autonomie et hétéronomie dans la création. Et si l’exposition est avare en œuvres et aride, elle a le mérite certain d’interroger la filiation affective d’un artiste. Et de rendre visible une belle réalité : la naissance d’un univers artistique n’est jamais pure, celui-ci baigne dans un lacis d’influences conscientes ou inconscientes qui tiennent dans ce parcours, la première place, là où elles occupent généralement un second plan.
Or, le terme « exposition personnelle » prend tout son sens dans la mesure où l’artiste choisit de montrer ses œuvres autant que celles de Jack Pierson ou de Felix Gonzales-Torres. Au même niveau. Laissant entendre que la porosité est telle entre son travail et celui des autres, qu’il ne saurait avoir d’identité propre.