Matt Saunders — Galerie Marian Goodman
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Marian Goodman, Matt Saunders emprunte le chemin de la couleur et semble quitter définitivement le noir et blanc. Évolution importante pour cet artiste dont la technique devient encore plus expérimentale.
Matt Saunders — A Step Away From Them @ Marian Goodman Gallery from March 13 to May 10, 2014. Learn more Méthodique, éminemment technique, la démarche de Matt Saunders sait pourtant faire oublier sa science. Si l’artiste s’inscrit dans une démarche précise et assez laborieuse, multipliant souvent les essais en studio, ses images finales sont néanmoins gracieuses et semblent avoir été obtenues dans la légèreté d’un instant. Mais il n’en est rien. C’est bien d’un temps long dont il s’agit. Matt Saunders commence par choisir des images tirées de films qu’il aime, parmi lesquels l’excellent Mauvais Sang de Leos Carax. Puis, il en tire, dans un premier temps, des peintures sur toile. Il peint sur du lin et parfois même sur des draps. Ses toiles, au maillage très fin, sont ensuite déposées sur du papier photosensible pour réaliser un tirage photographique. Photographe sans appareil, Matt Saunders passe ainsi de la toile au tirage. Une technique de développement où la peinture, utilisée comme un négatif, rappelle la sensibilité des travaux de Gerhard Richter même si la technique employée diffère. Nous sommes dans les deux cas, face à des images dont il est impossible, ou très difficile, deÉvolution importante pour cet artiste dont la technique devient encore plus expérimentale.
dire s’il s’agit de photographies ou de peintures. Passionnant autant que fascinant.
Saunders navigue entre les deux médiums. Il se met au service de la photographie tout en peignant : pour obtenir du rouge sur son image finale, il peindra du vert. Les couleurs inversées trouveront, dans le tirage, leur version définitive. Grand coloriste, expérimentateur, il semble vouloir mettre dos à dos deux techniques qui se sont dans l’histoire de l’art chevauchées et parfois livrées à des guerres intestines. La peinture craignait la photographie naissante, Saunders les réconcilie. Et prouve qu’elles s’épousent à merveille. La fusion opère, mieux, elle convainc et laisse naître en nous une vive émotion.