Mika Rottenberg — Galerie Laurent Godin
La galerie Laurent Godin présente une exposition personnelle de l’artiste argentine Mika Rottenberg en parallèle à la rétrospective qui lui est consacrée au Palais de Tokyo. L’occasion de découvrir ses dessins, une facette méconnue de son œuvre.
Pénétrer le monde de Mika Rottenberg c’est entrer dans une grande machinerie où le corps devient un matériau plastique que l’artiste sculpte avec délectation. Moins connus que ses installations vidéo diablement drôles et inquiétantes où les corps transpirent, s’étirent et se tuent à des tâches ingrates, les dessins de Mika Rottenberg forment un maillon essentiel de son œuvre. Ça vomit, ça défèque, ça tire la langue goulûment au rythme barré d’une queue de cheval automatisée qui s’ébroue à l’entrée de l’exposition. Avec leurs traits ingénus et leurs couleurs criardes, difficile au premier abord d’entrevoir cette parenté, pourtant, à l’examen se révèlent, dans ces compositions plus complexes et biscornues qu’elles ne le laissent entrevoir, une même folle architecture, un même jeu sur les matières. Matières elles-même mises à l’honneur sous forme de plaques à mi-chemin entre la peinture et la sculpture que l’artiste érige comme autant de strates d’un monde fantastique.
Formes expressives et matériaux mous dégoulinant dans des architectures éclatées, les dessins de Mika Rottenberg démarrent systématiquement avec l’apposition sur la feuille d’une trace de son corps. Un écho évident à sa production vidéo et à son obsession pour la chair. À travers l’empilement des traces et la confusion des couleurs se dessine une joyeuse mélasse autour de laquelle s’épanchent des silhouettes, des fragments de corps, des langues muettes qui nous narguent. Ces dispositifs dans lesquels tout rentre dans tout, se chevauche et s’emboîte dangereusement renvoient alors à des rêves inquiétants et emberlificotés qui révèlent une part d’onirisme dans la singulière démarche de cette artiste.
En ce sens, l’exposition de ces dessins est une aide précieuse et réjouissante pour aborder plus en profondeur le monde délicieusement tortueux et divinement disgracieux de Mika Rottenberg.
Mika Rottenberg, galerie Laurent Godin, du 23 juin au 30 juillet 2016, du mardi au samedi de 11h à 19h, 5 rue du Grenier Saint-Lazare, 75003, Paris