Biennale de l’Image tangible — Le Red Studio
Mettant en scène dix-sept artistes, l’exposition phare de la Biennale de l’Image tangible présentée au Red Studio du 09 au 18 novembre porte en elle l’essence du propos initiateur de l’événement.
Loin des catégories communément admises et usitées, la Biennale de l’Image tangible se propose d’aborder la création photographique dans sa pluralité et son invention quotidienne. Répondant à l’ambition d’accompagner l’éclosion d’une forme de photographie qui s’émancipe de son cadre initial pour perturber et envahir l’espace mais aussi s’ancrer dans le réel à travers de nouveaux biais, l’exposition principale met en scène des créations plastiques qui élargissent les perspectives du médium aux enjeux contemporains.
En cela elle accompagne le bouleversement du statut de l’image et redéfinit les conditions du regard face à cette dernière qui constitue, dans nos sociétés contemporaines, une succession ininterrompue reliant en en arasant les spécificités les sphères de l’intime, de l’histoire, de l’horreur, du futile, du sacré et du profane. Les artistes invités s’emparent ainsi de la représentation photographique pour faire sursauter cette litanie et engager à nouveaux frais le corps, son instabilité et son mouvement dans l’appréhension de l’image.
Si les démarches sont différentes, une belle unité de ton et une réponse sensible à la saturation émanent de ces images réalisées par des artistes nées entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980. La force du symbolique et de l’onirisme dans une répétition poétique, empreinte de beauté ou de mystère est en ce sens particulièrement efficace. Ces entailles dans le réel, pour radicales qu’elles soient, n’en perdent pas moins de vue sa cruauté et les menaces qui pèsent sur lui, s’engageant, pour de nombreuses propositions, dans une remise en cause formalisée par l’image. Profondeur et surfaces deviennent ainsi autant d’outils pour nous y sensibiliser et faire de la représentation tronquée, recomposée, effacée, un miroir lesté d’une réflexion profonde sur nos modes de vie.
Une forme de sidération silencieuse s’échappe ainsi de la succession de propositions qui renvoie à la solitude d’un regard face à des paysages déstructurés, transformés et radicalisés. Pour autant, ces images portent les stigmates du mouvement et, si elles figent l’attention, semblent toujours enclines à poursuivre leur mue, vibrant d’une énergie qui n’a rien de l’arrêt définitif.
Conscientes de leur statut, de leur polysémie dans un monde déjà prêt à les assimiler, les digérer pour en normaliser l’aberration, ces propositions partagent un souffle qui les travaille au cœur ; une indétermination essentielle leur conférant une énergie qui, au-delà de leur support, poursuit la réalisation de leur impression dans la chambre noire de notre regard.
Exposition du 09 novembre au 18 novembre — Le Red Studio, 25 rue Boyer, 75020 Paris — Du mardi au dimanche de 13h à 20h — Avec la participation de : Joachim Biehler, Thibault Brunet, Carla Cabanas, Philippe Calandre, Vincent Debanne, Thomas Devaux, Caroline Delieutraz, Juliette-Andréa Elie, Sissi Farassat, Bruno Fontana, Zacharie Gaudrillot-Roy, Emilie Brout & Maxime Marion, Jean-Baptiste Perrot, Bertrand Planes, Caio Reisewitz, Miguel Rothschild et Ludovic Sauvage