Onzième Biennale de Lyon
Neuf lieux accueillent 78 artistes pour cette 11ème édition de la Biennale de Lyon, dans laquelle éclatent les scènes brésilienne et argentine.
Une terrible beauté est née, 11ème Biennale de Lyon
Un peu à la manière dont avait été pensée la Biennale de Venise, cette nouvelle édition lyonnaise s’interroge sur l’histoire en mouvement, le présent et l’avenir. Victoria Noorthoorn a misé sur l’incertitude et la perplexité de l’artiste, son besoin d’émancipation et le doute comme source créatrice dans un monde tortueux. Travaillant à Buenos Aires, la commissaire invitée a auparavant mené de nombreux projets en Amérique Latine et se démarque par la monstration de plasticiens brésiliens et argentins. Leurs œuvres témoignent-elles d’un état proche des souffrances du jeune Werther ? Pas directement. Laura Lima (Brésil) met en scène un homme nu, en proie à une lutte symbolisée par ses attaches qui traversent le hall de La Sucrière. Eduardo Basualdo (Argentine) imagine un changement radical du territoire de l’eau sur terre, par un lent effet de progression et de disparition. Marina de Caro (Argentine) sculpte un homme nouveau et Erika Verzutti (Brésil) dissémine avec humour ses constructions parfois explicitement phalliques.
Pourtant, le propos n’est pas badin. Marina de Caro affirme que le « monde a besoin de nouveaux commencements : politiques, économiques, sociaux et affectifs », quand Erika Verzutti parle de bataille et de colère politique. Mais quelle preuve d’intelligence, quelle marque de respect, de parvenir à insuffler ces sujets avec la légèreté, le recul et la poésie qui manquent à certains plasticiens ! On découvre aussi le fort potentiel comique, pourtant parti de l’histoire de Lucie, mère de l’humanité qui n’est en général pas hilarante, de l’artiste sud-africaine Tracey Rose et le déroulé de rideaux de l’allemande Ulla von Brandenburg qui avertit : le spectacle commence. Malheureusement, certaines œuvres ne s’intègrent pas dans le conte et démontrent bien la difficulté de cet exercice regroupant en totalité 42 artistes internationaux. Elles semblent parfois posées sans aucun lien les unes avec les autres, voire à contresens, alors que pour Thierry Raspail, directeur artistique de la Biennale, « l’expo a vocation de rendre présente chaque œuvre nouvelle. » Le Musée d’art contemporain s’en sort mieux au niveau de la scénographie. Là encore l’Amérique du Sud est mise en avant, notamment avec les argentins Judi Werthein ou Jorge Macchi. Victoria Noorthoorn annonçait qu’elle avait choisi, comme les artistes, « d’avancer à l’aveugle, dans le noir… » Un postulat de départ qui laisse une certaine impression de clair-obscur.