Édito Cinquante
À nos lecteurs, aux membres et soutiens de Slash-Paris, galeries et institutions,
Après ces semaines qui ont vu notre mode de production décentré et forcé de s’adapter à la situation, éloigné des expositions, Slash s’est engagé auprès des acteurs du monde de l’art et vous a proposé de découvrir, à distance et en images, une multitude de projets, d’œuvres et de démarches qui, en temps de crise, ont rappelé à chacun d’entre nous la nécessité et l’inconditionnel bonheur de la rencontre de la différence. La différence qui, grâce à tous les artistes, grâce à toutes les expositions, dépasse l’opinion, le débat cacophonique pour se muer en une proposition, une possibilité d’altération de notre regard autrement plus efficace qu’un argument exigeant à quiconque de rendre sa raison.
Comme les artistes, comme les galeristes, comme l’immense majorité de ses confrères, la rédaction de Slash s’est donc investie, du mieux qu’elle a pu, dans un souci quotidien de partage, d’invention et de mise en valeur de ses savoir-faire pour refléter la somme de travail qu’aurait pu gommer cette période de confinement. Il n’en a rien été et le monde de l’art, s’il fait face à de nombreux dangers, ne risque pas, nous en avons maintenant la preuve, de manquer d’invention, de manquer de volonté.
Sans jamais réduire notre exigence, notre regard analytique et notre appétit pour la création singulière, nous avons eu à cœur de penser de nouveaux formats pour donner une plateforme de visibilité à de nombreuses expositions trop inopportunément coupées dans leur élan. Ces formats, qui nous ont vus également accompagner spontanément des démarches de monstration ou de présentation dont nous tenions, pour les artistes, à saluer la pertinence, se révèlent aujourd’hui de très bons indicateurs de vos envies et nous souhaitions partager ce plaisir, ces réussites avec vous, qui en êtes les responsables.
Comme depuis ses débuts, Slash-Paris continue de défendre la pluralité, la diversité et surtout la qualité d’un art contemporain que les galeries, à Paris comme dans trop peu de villes dans le monde, continuent de rendre accessible au plus grand monde sans sacrifier l’exigence nécessaire à sa présentation et continuant de donner accès à un pan de l’intelligence humaine gratuitement, librement, ouvertement. Un droit inaliénable que les galeries et centres d’art garantissent à tous, en libre accès du mardi au samedi. Et nous savons de quoi nous parlons, nous qui nous y sommes formés, confrontés et investis.
Monter un projet, diffuser l’art contemporain c’est « croire », derrière le cynisme et l’abus, derrière la récupération par des grandes marques qui n’ont d’autre intérêt que leur propre image, savoir que dans cette forêt de contradictions parfois essentielles à sa survie, dans cette myriade d’enjeux dont la complexité ne masque jamais la pertinence toujours possible d’une réflexion capable de mobiliser les enjeux d’une époque pour en dessiner les lignes de fuite.
Si rien ne garantit encore un retour à la normale et si la véritable incertitude réside dans l’avenir plus encore que dans cette période suspendue, nous tenions à partager avec nos lecteurs, nos membres et l’optimisme paradoxal et relatif mais bien réel face à la dynamique de la création en France et l’espoir de voir naître, à l’opposé des logiques jugeant de la viabilité des entreprises artistiques à l’aune d’un modèle économique définitivement mis en cause dans cette crise, toujours plus de galeries à Paris, toujours plus de soutien et d’accompagnement aux artistes.
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