Découverts au Salon de Montrouge
Durant tout le mois de mai, le salon de Montrouge expose une sélection de 80 artistes. Cette année encore, le travail abattu par le collège critique force l’admiration, invitant des artistes émergents aux travaux passionnants. Gros plan sur quatre d’entre eux.
Éléonore Joulin
Salon de Montrouge 2012 @ Le Beffroi from May 3 to 30, 2012. Learn more Dans son travail, Éléonore Joulin collecte, sonde et met en perspective les communautés de regard. Partant d’un événement ou d’une mode, elle met en scène les images, les discours qui accompagnent des pratiques qui sont autant de dénominateurs de communautés secrètes, elles-mêmes dépossédées de tout ordre. À l’image de ces touristes photographes en excursion à Tchernobyl accumulant les images d’un même élément de la ville ou ces jeunes filles partageant sur Internet les vidéos de leur chambre, les compilations d’Éléonore Joulin, avec la calme patience de l’archiviste tenace, saturent le message et questionnent, sous le flot de motifs identiques, la possibilité d’une identification commune. En savoir plus sur Éléonore JoulinFrance Valliccioni
Jouant de la délimitation spatiale, les sculptures libres et imposantes de France Valliccioni transgressent leurs propres limites, mordant la frontière tracée au sol par l’artiste elle-même. De cette composition éclatée d’objets quotidiens réinventés, de ces agencements singuliers entre les matières, se dégage une force brute qui impose dans l’espace le regard sidérant d’une artiste qui prolonge, jusque dans les textes qui accompagnent ses œuvres, une drôlerie décalée et conquérante. En savoir plus sur France Valliccioni
Claire Trotignon
Prisonnières d’une toile de Jouy revisitée où les badins et courtisanes se sont métamorphosés en émeutiers cagoulés, où les carrosses élégants sont devenus carcasses d’automobiles enfumées, les très belles perspectives de Claire Trotignon réinvestissent le champ de l’architecture en le parant des vestiges de l’histoire de l’art. Autour des constructions modernistes s’épandent des paysages faits d’un assemblage de motifs récupérés de gravures anciennes qui, brisant les lignes et forçant les contrastes, s’intègrent dans une composition dont la force plastique n’éclipse nullement la question formelle du collage.
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Guillaume Aubry
Architecte de formation, Guillaume Aubry intègre ses propres lignes dans l’espace. Lignes de tension, lignes de force, il propose, au salon de Montrouge, de rejouer à sa manière le déroulé de la retransmission en direct de l’arrivée de Charles Lindbergh en 1927 au Bourget. Tout comme cette caméra qui ne parvient qu’à capter la foule venue en masse assister à un événement qu’ils ne pourront qu’entrevoir, le spectateur de Montrouge assiste, impuissant, au questionnement de l’attente. L’emprisonnant dans un hors-champ imaginaire, Guillaume Aubry braque un projecteur sur la fenêtre et le confronte à une installation minutieuse d’un jeu de miroirs, proposant ainsi une expérience conceptuelle et inspirée.