Éric Manigaud, Gonichi Kimura, Motifs de kimono incrustés par brûlure dans la peau, premier hôpital militaire d’Hiroshima, vers le 15 août 1945, (Détail) 2019 — Crayons et graphite sur trame digigraphique sur papier, 75 x 60 cm
Crédit photo : Éric Manigaud / Courtesy galerie Sator © Adagp, Paris 2020
Éric Manigaud, MAMC, Saint-Étienne
Focus
Article
Le 31 mars 2021 — Par Guillaume Benoit
En attendant sa réouverture au public, le Mamc de Saint-Étienne a d’ores et déjà installé sa nouvelle exposition dédiée aux dessins d’Éric Manigaud qui fond une nuée d’émotions dans des profondeurs d’obscurité creusant en un relief inversé notre rapport à la mort.
« Éric Manigaud — La mélancolie des vaincus », MAMC+ du 7 janvier au 15 août 2021.
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Si le dessin est un filtre, une distance supplémentaire avec la réalité, Éric Manigaud fait de cette médiation un biais pour y rentrer à nouveau. Usant d’un autre biais pour produit de base, la photographie, il fait de sa création le miroir terrible d’une réalité qui ne l’est pas moins. Non pas une manière de mettre à distance même si le dessin est un écran supplémentaire mais au contraire de répéter, de dire et de s’approprier des captures de l’histoire dont la réalité se charge de la précision du travail de reproduction, de la minutie à l’œuvre pour faire vibrer à nouveau cette lumière prisonnière de cadrages qui modèlent les représentations de générations qui se les sont transmises.
Il introduit dans l’écriture objective et systématisée de la lumière les aléas de la graphie humaine, répétant certes à la lanterne magique les motifs inscrits sur les images mais les lestant du graphite que dépose son geste, éminemment humain.
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Une terreur glaciale dans des images à nouveau figées dans le stade de leur révision, de leur répétition voire, pour certaines, dans le dévoilement du secret qui les celait. Sombre et marquée par la capacité des hommes à s’autodétruire, la production d’Éric Manigaud instille pourtant une forme de beauté rugueuse et minérale à ces captations du réel, insérées dans une histoire qui les fait résonner comme simple maillon d’une chaîne. Chaîne qui s’étire dans une litanie de titres d’expositions évocateurs ; Octobre 61, La guerre c’est simple, Service spécial, jusqu’à celui de celle-ci même, La mélancolie des vaincus.
Réunis par le traitement systématique de l’artiste, les différentes temporalités effacent leur particularisme pour se retrouver dans une même solennité, un même silence propre à la nature de leur sujet, l’humanité, qui fait de chacune des images un épisode d’une litanie du drame si apte à dire notre monde.
Éric Manigaud, Klinikum #15, 2018
Crayons et graphite sur trame digigraphique sur papier — 76 × 59 cm
Crédit photo : Éric Manigaud / Courtesy FIFTY ONE © Adagp, Paris
À la manière d’un copiste méticuleux qui compilerait comme un sacerdoce pour l’humanité les archives de l’horreur, il naît de la rencontre avec l’œuvre d’Éric Manigaud un étonnant sentiment de redevance, pour ne pas évoquer la rédemption, l’artiste se chargeant, à sa manière, de regarder en profondeur, de reproduire chaque ligne, chaque détail pour en assurer une mémoire, l’assimiler dans son entièreté pour en rendre une image qu’il nous rappelle constamment de regarder.
Découvrir l’exposition en images :
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Éric Manigaud, Madge Donohoe #13, 2015 — Crayons et graphite sur trame digigraphique sur papier, 80 x 60 cm
Crédit photo : Éric Manigaud / Courtesy galerie Sator © Adagp, Paris 2020
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Vue de l’exposition « La mélancolie des vaincus » d’Éric Manigaud au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, 2021
Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+ © ADAGP, Paris 2021
Éric Manigaud, Gonichi Kimura, Motifs de kimono incrustés par brûlure dans la peau, premier hôpital militaire d’Hiroshima, vers le 15 août 1945, 2019 — Crayons et graphite sur trame digigraphique sur papier, 75 x 60 cm
Crédit photo : Éric Manigaud / Courtesy galerie Sator © Adagp, Paris 2020