Tituba, qui pour nous protéger ? — Palais de Tokyo
Le Palais de Tokyo présente, avec Tituba, qui pour nous protéger ?, une proposition très inégale, pour ne pas dire complètement déséquilibrée où des œuvres intéressantes côtoient des compositions techniquement limitées dans une présentation qui les érige sans les accompagner sur des cimaises bien trop grandes pour elles.
« Tituba, qui pour nous protéger ? — Exposition collective », Palais de Tokyo du 17 octobre 2024 au 5 janvier 2025. En savoir plus Et la fragilité qui aurait pu être au centre d’une mise en scène dont le soin et l’invention auraient pallié l’aspect bancal pour les intégrer dans une réflexion plastique plus large se meut en une réduction à l’amateurisme d’une pratique abandonnée à elle-même dont les images produites n’ont rien d’invention et répète des motifs largement éculés sans réflexion de fond sur leur médium. En ce sens, loin de questionner leur pertinence, leur insertion au sein d’un dispositif curatorial les expose à une critique à laquelle elles n’ont probablement pas vocation à se mesurer. Un contrecoup radical à la volonté d’en faire un espace de protection, qui n’est qu’une projection brutale et impensée dans un espace qui les écrase.La déclaration d’intention ne suffit malheureusement pas ici et le club de lecture et son écho aux pratiques amateurs semble venir corroborer ce sacrifice de l’exigence pour transformer définitivement l’espace
Autour d’un tel mythe plein de ses croyances superstitieuses et apposant sur le réel une grille de lecture mystique donc forcément morale, un travail critique aurait bien plus mis en valeur ses ambiguïtés, ses limites mais aurait surtout su en dévoiler la force de projection et d’invention qui mérite qu’on s’y attarde et aurait peut-être su faire naître le trouble réflexif d’une confrontation à ses apories comme à sa performativité.
Las, plongés dans le vide d’une érection de Tituba comme d’un slogan autosuffisant ne survit que son ésotérisme et ses raccourcis face à une réalité complexe qui ne peut se regarder dans les yeux qu’en faisant face aux difficultés qu’elle soulève, ignorées et invisibles ici.