Découverts au Salon Jeune Création 2012
Présenté au 104 du 4 au 11 novembre, le salon Jeune Création 2012 a une fois de plus fait montre de la vivacité de la scène artistique émergente internationale. Focus sur quatre jeunes artistes exposés lors de ce salon.
Coraline de Chiara
Tout entier tourné vers la citation et la paratextualité, l’œuvre de Coraline de Chiara éclabousse, derrière sa réussite formelle, d’une audace pop la grande tradition de l’appropriation. En imaginant la fusion de Caspar David Friedrich et Freddie Mercury en un Friedrich Mercury, Coraline de Chiara enfonce les univers à coups de lignes de fuite, de perspectives passerelles et de montages analogiques pour donner naissance à une chimère dont l’existence, pour absurde qu’elle est, parvient à créer une multitude de sens et d’interprétations. On navigue ainsi dans cette accumulation de dessins, collages et peintures comme dans l’imaginaire mêlé d’un monstre contemporain, pétri de sentiments contradictoires et épars mais unis dans leur force créative.
Jean-Baptiste Caron
En plaçant ses recherches plastiques sur le double plan de la gravité matérielle et symbolique, Jean-Baptiste Caron propose une démarche aussi subtile qu’habilement décalée qui interroge avec une belle pudeur la trace de l’absence et l’avènement de la disparition. Avec une rigueur toute scientifique, Jean-Baptiste Caron met en scène des expérimentations qui dépassent le cocasse pour révéler une force réelle, à mi-chemin entre le phénomène physique et l’illusion magique. En témoigne sa Mécanique du vivant, sphère de béton dont le centre de gravité, déplacé, l’entraîne à se mouvoir dans un étrange ballet de spirales ou Alea Jacta Est, reproduction successive d’un pavé en grès, qui, réduit à chaque étape par la contraction naturelle du matériau, convoque l’illusion d’une disparition possible.
Park Yeojoo
Articulant son travail autour du concept de la « liminalié » qu’elle définit elle-même comme « représentant un lien, l’espace entre deux espaces, un terrain commun, ou entre-deux puissant qui contient, relie et sépare deux espaces en même temps », Park Yeojoo conçoit des structures en forme d’impasses. Faisant intervenir le corps du spectateur ou l’en excluant, elle repense la question de la frontière en agençant des constructions faites de pleins et de vides. Ces espaces sans espaces qui, à l’image de l’œuvre présentée lors de Jeune Création peuvent consister en un agencement minimal de bois, plexiglas et lumière, développent les prémisses d’une architecture d’un nouveau genre ; détournée de sa conquête de l’espace, cette architecture métaphorique s’empare du lieu pour en pointer les possibilités de sens.
Delphine de Luppé
Derrière la force plastique frappante des tableaux et dessins de Delphine de Luppé se cache une démarche complexe, alimentée par une réflexion sur le temps et la matière. Sous les griffures de bâtons d’huile se dessinent des lignes droites, formes géométriques élémentaires de découpes architecturales qui dialoguent en modulant leurs voix ; acrylique, huile et mine de plomb se partagent un même plan, s’enchevêtrent et se confondent pour faire naître, à l’image de son très réussi Come In, une structure intrigante, entre architecture et objet. Ses dessins, eux, habitent leur support avec une sobriété touchante ; réalisés sur des chutes de papier de 1910, ils multiplient les variations sur le cube, représentant des caissons qui sont autant de jeux de perspective et de matière.