Drawing Now 2012 — Éloge du papier
Sixième édition consécutive pour ce salon qui, d’année en année, impose son rythme. Indéniablement, le recours au dessin, à sa planéité autant qu’à sa proximité, fait de la visite de ce salon du dessin contemporain 2012 un moment hors du temps, plein d’une douce fluidité, condition essentielle pour appréhender ces œuvres avec un véritable plaisir.
Car, depuis quelques années, le dessin s’impose comme un medium privilégié par des artistes qui se plient à l’exercice de plus en plus volontiers, parvenant à prolonger leur univers à travers un format plus léger et plus tolérant. Au salon du dessin contemporain, il n’est pas question uniquement de mines et de gommes ; ici, c’est le papier qui est maître et tout ce qu’il peut accueillir est le bienvenu. On observe ainsi une recrudescence de gouaches, collages, découpages ou encres se dispersant sur les feuilles de papier, témoignant d’une formidable inventivité d’artistes capables de développer des séries dans des espaces réduits. Une philosophie amenée à la réalité par la très belle présentation de la galerie Alain Gutharc dont tout l’espace est consacré à Marlène Mocquet qui, au long de petits formats saturés de matière, dessine une multitude de saynètes oniriques et installe son univers décalé avec une grâce et une force vibrantes.
Chez Claudine Papillon, c’est le papier même qui se dessine, découpé en lamelles sous les mains représentées de Frédéric Lecomte, qui rappelle à quel point la planéité du dessin n’est qu’un leurre. Clément Bagot, quant à lui, lauréat du prix Drawing Now de cette édition, fait littéralement vibrer le papier par la minutie grouillante de ses traits. Plus ludiques, les étranges êtres de Stéphane Steiner, sur le stand Espace à vendre/Le Cabinet, témoignent d’un sens de la composition aiguisé. Savoureuses également, les planches de Robert Crumb présentées par la galerie 9e Art.
Mais Drawing Now est surtout l’occasion de constater à quel point la nouvelle génération a su adopter le dessin et sa plastique graphique avec des artistes tels que Claire Tabouret et Maude Maris, présentées toutes deux par la galerie Isabelle Gounod. Mais aussi les constructions à la mine de plomb de Félix Pinquier sur le stand de La Ferronerie ou encore les très beaux petits formats d’Anne-Charlotte Depincé chez Marie Cini.
Si le niveau de cette édition 2012 est donc très honorable, on regrettera que certaines grandes galeries parisiennes n’aient pas fait le déplacement. Et ce n’est pas le musée imaginaire de Catherine Millet, certes un peu étroit, qui estompera cette impression, tant les grands artistes qu’elle présente (Tatiana Trouvé en tête) se révèlent dans l’utilisation du dessin.