Marcos Avila Forero — Galerie Dohyang Lee
Récemment exposé à la Biennale de Venise, Marcos Avila Forero présente sa troisième exposition personnelle à la galerie Dohyang Lee, Les choses qui échappent. Il y revient sur les lieux d’une première série, lors du retour de paysans exilés en Colombie dont il avait documenté l’absence. À mi-chemin entre documentaire et anthropologie, son œuvre révèle des destins marqués par l’histoire.
Présentée en parallèle de sa grande exposition au Café Saint-Nazaire, Les choses qui échappent à la galerie Dohyang Lee revient sur ce projet d’envergure en documentant, à travers des clichés, notes, croquis et dessins réalisés lors de ce nouveau voyage. Dans cette série de photographies, Marcos Avila Forero entre dans l’intimité de cette communauté paysanne dans un quotidien marqué par le retour de nombreux de ses membres après la signature du traité de paix avec les FARC. Au-delà des questions de victoire ou défaite, c’est une plongée au cœur de gestes retrouvés, de réparations et d’adaptations aux réalités d’un marché que dévoilent ces photographies sobres aux allures de notes d’une enquête qui résonne avec la démarche générale d’un artiste que l’on sent aussi impliqué qu’attentif à maintenir une certaine pudeur.
Ces portraits, accompagnés de notes manuscrites sont autant d’indices de vies partagées, retrouvées après de longs mois d’exils dans des environnements familiers. Les histoires se mélangent, se répondent et élargissent le spectre de la série Estenopeicas rurales que prolonge Avila Forero en inversant la perspective. C’est dorénavant lui qui documente la présence retrouvée de ces paysans revenus à la terre, ces absents qui apparaissent à nouveau, tandis que les maisons transformées en appareil photographique deviennent des sujets d’une nouvelle expérience. Des archives donc, d’un projet de plus grande ampleur qui viennent réactiver les souvenirs et dévoiler un quotidien partagé avec les acteurs de cette histoire en perpétuelle évolution. Au sous-sol, une sélection d’autres œuvres de l’artiste vient compléter pertinemment cette présentation en offrant un panorama plus large de sa création.
En ce sens, l’intérêt de ces choses qui échappent, loin de se limiter au résultat final, tient autant à son immersion au sein de ces sociétés et à la manière dont elles s’emparent des outils et pratiques qu’il développe avec elles. De la sorte, du travail préparatoire sur place à la trace laissée par son passage et le projet mis en place en passant par les échanges multiples qui émaillent ces rencontres naissent autant d’éléments reliés à son projet et en constituent l’essence. Indubitablement, il parvient à en rendre une force qui donne toute sa richesse à l’expérience que le spectateur, par sa présence, prolonge et continue de transformer.