Céleste Boursier-Mougenot à la galerie Xippas
Céleste Boursier-Mougenot conçoit des dispositifs qui génèrent leur propre partition, notamment par la métamorphose de signaux divers (mouvements, vidéo) en son. Grâce à des programmes informatiques qu’il met au point, ces transductions se font « à vue », en temps réel, permettant au visiteur de déduire par l’écoute et l’observation la relation entre les éléments visuels et sonores en mouvement. Son installation baptisée Relais reprend ce principe pour créer une nouvelle œuvre poétique, et étonnante. Constituée de cinq modules identiques, chaque ruche carbonisée émet un son distinct qui finit par produire le bruit d’un essaim d’abeilles en les additionnant.
L’artiste insiste sur l’importance du vivant dans ses installations. Un « matériau » qu’il considère comme essentiel. En général, il s’agit de dispositifs qui extraient le potentiel musical d’objets, d’êtres, de phénomènes naturels, de situations, d’activités tirés du quotidien : l’entrechoquement de bols en porcelaine dans une piscine gonflable (Sans titre), des oiseaux se posant sur les cordes de guitares amplifiées (From Here to Ear), les mouvements de poissons dans un bassin (Videodrones), ou le larsen d’un micro évoluant entre des haut-parleurs (Scanner). Pour Céleste Boursier-Mougenot, l’introduction du vivant n’est pas un geste pour transgresser la pureté immaculée du White Cube, mais répond plutôt à l’envie de souligner l’artificialité de la nature qui s’adapte sans cesse aux nouvelles mutations de son écosystème. Les pièces qui en résultent sont souvent expérimentales et reposent sur un principe d’interaction, dont le visiteur est un maillon-clef.
Pour cette exposition, l’artiste a réalisé deux nouvelles pièces qui placent le visiteur au cœur de ses dispositifs. Des galets de toutes les formes et de toutes les tailles, recouvrent les marches du grand escalier, transformé pour l’occasion en un lit de rivière asséché. Lors de cette ascension, le visiteur posera ses yeux partout, avant de poser ses pieds. Entre équilibre puis déséquilibre,
L’artiste insiste sur l’importance du vivant dans ses installations. Un « matériau » qu’il considère comme essentiel.
le grimpeur effectue les figures d’un étrange ballet mécanique pour atteindre le sommet de l’escalier. Intitulée Chorégraphie, cette œuvre pointe la précarité de l’équilibre des formes et de choses au sein de notre environnement.
La troisième œuvre, baptisée U43 en hommage au célèbre modèle de téléphone d’après guerre en bakélite noir, répond aux préoccupations de l’artiste concernant les procédés de surveillance toujours plus sophistiqués qui réduisent le champ de nos libertés individuelles. À l’ère du smartphone, cette pièce semble avoir un charme désuet mais il ne faut pas se fier aux apparences. Big brother is watching you !