Félix Thiollier au Musée d’Orsay
En marge et par détours. Ainsi pratiqua-t-il la photographie. Ne se rattachant à aucune école. Ni au pictorialisme, première école artistique de photographie dont il fut le contemporain, ni au reste. Car il aurait fallu pour cela qu’il se considérât photographe. Or, il ne vint à ce médium que par la force des choses et par nécessité, s’emparant de cette technique naissante pour reproduire ce qui l’entourait. Une usine au bord de l’Ondaine et ses cheminées fumantes. Des ouvriers au repos le temps d’une mince pause. Et surtout, les excavations ou ruines de la région du Forez dont il tira nombre d’ouvrages qui firent immédiatement autorité. Aussi, Félix Thiollier fut-il accidentellement photographe, ou plus précisément, de façon utilitaire. Le parcours insiste notamment sur la nette préférence, qu’il avait pour l’archéologie, reléguant la recherche esthétique photographique clairement au second plan.
Face à tant d’humilité, les images ressortent d’autant plus belles. Et la simple vision romantique d’un arbre torsadé ou d’un sol de terre brune jonché de feuilles mortes déclenchent extase et admiration, tant il est difficile de croire que l’auteur fut réellement dépourvu d’intention plastique. Et, face à ces épreuves, dont la force abstraite est parfois évidente, le visiteur aura le droit de comprendre l’humilité de Thiollier comme une fausse modestie. Car sous son oeil mécanique, et entre les mains de ce génie qui s’ignorait, les champs neigeux graphiques semblent être sinon peints, au moins dessinés.