Jeune Création 2018 — Beaux-Arts de Paris
À l’occasion de sa 68e édition, Jeune Création investit les Beaux-Arts de Paris pour proposer une sélection dense et resserrée d’artistes de moins de 45 ans.
« Jeune Création — 68e édition », Beaux-Arts de Paris Palais des Beaux-Arts du 13 au 20 mai 2018. En savoir plus Véritable baromètre des tendances émergentes, Jeune Création, à travers son regard « engagé » (l’essentiel du comité de sélection est composé d’artistes) offre chaque année un panorama vibrant de l’art en France avec des figures qui tracent bien souvent leur sillon sur la scène internationale, que l’on pense, parmi les plus récents, à Claire Tabouret ou Neïl Beloufa. Si l’on regrette un peu, cette année, l’étroitesse des espaces dévolus aux artistes forcés de limiter le nombre de pièces présentées, la contrainte offre un parcours d’une rare dynamique où l’ensemble des pièces se répondent au sein d’un dialogue polyphonique ancré dans son époque. De même, la qualité toute relative des textes de présentation des artistes encourage à se plonger à plein dans le vif de l’exposition. En cela, la scénographie, brute et sans fioriture avec une belle intelligence de lignes d’horizon multiples, réussit à isoler des espaces au sein desquels les œuvres se font face et se succèdent sans temps morts, profitant des inventions hybrides de créateurs définitivement hermétiques aux classifications simplistes. Lire notre article sélection parmi la quarantaine d’artistes présentésLes arts graphiques se réinventent en repensant leurs supports et leur déploiement, offrant des interventions dans l’espace qui multiplient les médiums et élargissent le champ des possibles. Les technologies numériques, définitivement ancrées dans le quotidien ne sont (enfin) plus employés comme des contenus symboliques au service de messages limités mais bien devenues vecteurs de pensée, supports « naturels » de réflexions qui les ont assimilées pour mieux inventer de nouveaux vocabulaires singuliers. Une étape cruciale dans le déploiement de la création que le salon permet d’appréhender avec une grande liberté, voyant les artistes multiplier les techniques, des plus traditionnelles aux moins conventionnelles dans un souci constant d’invention. Assez optimistes et dans l’ensemble et très colorés, les travaux de ces nouvelles générations n’en dégagent pas moins une conscience de leur époque, où la lutte passe, en s’inspirant des expressions libres de l’histoire, par une invention de leurs propres conditions de monstration. Peinture, films, sculptures installations sont autant d’items d’une boîte à outils qui n’a jamais semblé plus ouverte à des artistes fins connaisseurs de l’histoire capables d’y piocher à l’envi pour dessiner les contours de formes nouvelles.
Si l’ensemble des artistes présentés concourt à la réussite de cette 68e édition historique qui aura réussi à s’inscrire, cinquante ans après les événements de Mai 68, au cœur d’un bastion de la liberté artistique, on attend avec impatience les grandes modifications à venir avec le déménagement de l’association dans la Friche culturelle de Romainville qui garantira, on le souhaite, une aussi grande liberté aux artistes.