Vue de l’exposition Julian Hoeber
Courtesy galerie Praz-Delavallade
Julian Hoeber
2 - Bien
Critique
Critique
Le 5 mars 2012 — Par Guillaume Benoit
« Julian Hoeber », Galerie Praz-Delavallade du 11 février au 24 mars 2012.
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Peu exposé en France, Julian Hoeber, né en 1974, réinterprète les classiques de l’histoire de l’art minimal et conceptuel au gré d’une partition empreinte de force et d’émotion, ouvrant ainsi les perspectives de démarches que l’on croyait figées. Car sa peinture, tout en tension, parvient à reposer la question de ces mouvements en interrogeant la pratique même du peintre, sa propension au geste, à l’apposition d’une subjectivité sur un processus qui, pour universel qu’il soit, n’est jamais parfaitement objectif. Julian Hoeber met en place des systèmes conceptuels minimaux et vient les déjouer, les accidenter, trouvant ainsi une vraie liberté dans un travail qui, s’il est polymorphe, fait preuve d’une intelligence et d’une cohérence impressionnantes. Certes encore ancrée dans la démarche conceptuelle, son œuvre retrouve la vie et la
subjectivité d’un artiste qui revendique lui-même une part psychologique prépondérante dans ses choix. Alors la peinture de Hoeber réinvente sa propre composition, sa matière, ses formes et son sujet en brisant, de par sa matérialité, les patterns qu’elle s’était fixés. Dans ce jeu de dialogues, Hoeber explore toutes les possibilités d’un art qui va de la peinture à la sculpture, de la minutie à l’explosion des instincts, et, méticuleux dans ses excès, il fige la patine d’œuvres complexes, où les traces de couches inférieures trahissent une vie interne de la peinture. La rigueur et l’intelligence travaillent ici de concert avec l’accident, avec les traces, esthétisant la négligence et la saleté. Jouissant d’une mise en espace virtuose, l’exposition organisée par la galerie Praz-Delavallade parvient ainsi parfaitement à mettre en scène cette dialectique définitivement synthétisée en un geste salvateur, jouissif autant que jouisseur.