Vue de l’exposition Is Resistance Useless ?
© Marie Cool et Fabio Balducci — Courtesy galerie Marcelle Alix
Is Resistance Useless ? à la galerie Marcelle Alix
2 - Bien
Critique
Critique
Le 28 février 2012 — Par Guillaume Benoit
« Varda Caivano, Marie Cool Fabio Balducci — Is resistance Useless ? », Galerie Marcelle Alix du 2 février au 31 mars 2012.
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La mise en regard des œuvres de Varda Caivano avec les œuvres de Marie Cool et Fabio Balducci audacieusement orchestrée par l’exposition
Is Resistance Useless ? par la galerie Marcelle Alix propose un angle passionnant dans l’appréhension des œuvres présentées. Surprenant au premier abord, il se révèle bien dans ce rapprochement de travaux très différents une mystique analogue, une obéissance à un rite secret que chacun des artistes se serait créé et qui agirait comme la ligne de conduite dictant l’acte à venir. C’est précisément l’un des enjeux les plus fascinants de l’œuvre de Marie Cool et Fabio Balducci qui mettent en scène ici, au travers de deux vidéos, l’obéissance et la répétition d’un geste imposé, aussi méticuleusement exécuté qu’impossible à relier à la moindre fonction. Jamais systématique, la chorégraphie joue avec grâce de la variation, de la différence inhérente à la répétition. Et, dans cette illustration du moment décisif où la systématique perd son « efficacité », sa capacité à produire le résultat, c’est toute une poésie
visuelle qui se fait jour, oscillant entre beauté infinie du mouvement et destruction sourde de la valeur « production ». En ce sens, Marie Cool et Fabio Balducci retrouvent, à maints égards, la qualité de l’insensée détermination, la valeur du geste. Un geste à l’œuvre également dans la peinture de Varda Caivano, indiciblement expressive malgré son apparent mutisme. Derrière la trace, les formes de l’artiste dessinent un univers segmenté où la couleur, dépassant ses propres frontières, vient s’appuyer à la ligne, la souligner autant que refuser son autorité. Alors, malgré leur apparente étanchéité au monde, les univers de Cool et Balducci ainsi que de Caivano ne cessent de raconter l’histoire du mouvement, l’histoire du temps qui fait bien plus que passer et que l’on peut pourtant faire dérailler, l’envahir pour le forcer à se répéter. C’est toute l’expression même de la possibilité d’un temps cyclique qui émerge de ces démarches, d’un temps qui ne se mesurerait qu’à l’aune du geste, arrimé à chaque acte de création. L’exposition, dans sa belle sobriété, dessine donc les fils subtils qui unissent ces artistes « agissants », a priori éloignés de toute velléité discursive mais pourtant bien capables d’en dire beaucoup sur le monde.