Découvertes Jeune Création 2020, 69e édition — Reportage — Slash Paris

« Jeune Création — 69e édition », Jeune Création du 26 janvier au 2 février 2020. En savoir plus Les œuvres présentées jouent précisément d’un déséquilibre initial en accord avec leurs modes d’expression, d’une urgence du faire sans installer de trace définitive, augurant presque, d’une certaine manière, leur disparition nécessaire ; sans perdre pour autant de vue l’enjeu d’une intensité sensible, au présent. Tout fait ainsi parfaitement corps avec cet espace en transition, semblant jouer de la débrouille pour inventer ses formes, mais en gardant une certaine attirance pour le minimalisme.

Retrouvez notre critique de l’événement Jeune Création — 69e édition

Elsa Fauconnet

Elsa Fauconnet offre une installation puissante où les langages esthétiques de nombreuses époques se conjuguent en un autel complexe, absurde et joyeux où la croyance passe par l’invention, mettant en scène dans sa vidéo un personnage fantasmatique et fantasque qui unit la tragédie au grotesque dans une vision délirante dont tous les yeux nous tiennent prisonniers d’un piège délicieux.

Néphéli Barbas

Avec Néphéli Barbas, la grille devient la perspective d’entrée dans le décor, glissant sur la possibilité d’une protection comme mode de perspective. La grille de défense devient grille de lecture et l’ornement éveille le sentiment d’enfermement en emprisonnent à même un mur sourd ces échappatoires qui n’en sont pas.

Victoire Barbot

Superbe fresque de Victoire Barbot qui offre un ornement monumental judicieusement engoncé dans le revers de l’espace d’exposition à partir d’une logique de briques combinées qui gardent les impressions de gestes appliquées à leur surface. Proliférant à la manière d’une substance végétale, la matière et les motifs grouillant de délicatesse et de liberté s’étendent alentour et prennent par surprise le visiteur qui se voit bien vite entouré par cette étrange prolifération. Le plaisir de la chair est bien naturel.

My-Lan Hoang-Thuy

My-Lan Hoang-Thuy travaille des formats réduits avec une économie de moyens qui dicte la forme de ses représentations où les corps, pliés comme par anamorphose émergent d’abord en ornements séduisants qui révèlent rapidement une certaine angoisse de la pliure, cambrés dans des positions insoutenables et prisonniers d’une matière peinture inquiétante.

Pauline Lecerf

Une œuvre particulièrement convaincante de Pauline Lecerf autour de téléphones immergeant dans le corps de l’installation, composée d’un documentaire radiophonique sur les urgences maritimes et des propositions suivant un appel à création d’une musique d’attente pour les joindre. La précision et l’inventivité autour de cette thématique inattendue mêle au sérieux du sujet une loufoquerie bienvenue qui séduit immédiatement.

Marcos Uriondo

Marcos Uriondo installe dans l’espace un décorum new age qui emprunte à une multitude d’esthétique le profil de ces lignes pour composer un paysage singulier, évoquant tout aussi bien les utopies chroniques que les fantasmes ultra rationalistes appliquant à l’espace les règles d’or de principes numéraires. Dans cette altérité radicale, la prolongation sur différentes dimensions impose une cohérence en forme de soliloque énigmatique mais indiciblement accueillant.