Paris Photo 2019
Paris Photo poursuit son développement avec une édition 2019 encore plus ambitieuse et toujours plus ancrée dans la diversité des formes du médium qu’elle défend.
Car la photographie, retrouvant la fougue expérimentales des grandes heures qui la firent entrer dans la contemporanéité autant que prolongeant, avec une même passion, l’urgence documentaire de sa légende moderniste, reste aujourd’hui un vaste champ de découvertes qui multiplie les inventions et continue de proposer des biais toujours nouveaux de rendre le réel. Loin des débats qui agitèrent son entrée dans le XXIe siècle et leur bichromie opposant numérique et analogique, la photographie en tant qu’art se veut aujourd’hui pratique plastique tournée en dernier lieu sur l’essentiel de la création ; sa capacité à capturer un biais sur le monde qui captive autant qu’il transforme notre regard sur celui-ci.
Territoire en mutation ancré dans une tradition qu’elle poursuit ou décline, la photographie jouit d’une liberté dont Paris Photo parvient à rendre la superbe en alimentant un parcours pluriel qui offre, cette année encore, un ensemble vibrant et ouvert qui constitue une occasion unique de croisements des publics réunis par un amour singulier pour l’image.
Un paradoxe rafraîchissant à l’heure du tout image et même d’un arasement du réel, de la différence par l’image, par la multiplication de clichés aux techniques, cadrages et filtres dictés par un goût commun d’insertion dans un tout unifié de singularités analogues. Loin d’y trouver l’impasse que nombre d’observateurs zélés d’un présent prétendument appauvri semblent finalement appeler de leurs vœux, la diffusion de la photographie et la vivacité de sa pratique s’en trouvent finalement bien plus questionnées dans leur essence même et se voient d’autant plus stimulées à la recherche de champs nouveaux ou non d’exploration.
Si l’on connaît la qualité des galeries parisiennes qui se prêtent avec succès au jeu depuis quelques années d’une foire au médium unique, à l’image de Lelong & Co, Gagosian, Xippas, Karsten Greve et Les filles du calvaire, le retour de galeries comme Air de Paris, Alain Gutharc, La Forest Divonne et Aline Vidal inspire un nouveau souffle que l’arrivée de jeunes galeries brillantes (Derouillon et Anne-Sarah Bénichou) ne fait que confirmer.
Plus encore, c’est cette année la pluralité des usages de la photographie et, tendance de moins en moins sourde, la belle échappée que l’image photographique amorce de son support pour rejoindre, de façon chaque fois renouvelée, une forme repensée de vie dans l’espace qui marque avec cette édition et, nous ne le cachons pas, notre joie de retrouver des stands pensés en résonance avec l’exigence d’œuvres que de véritables problématiques scénographiques.
On verra ainsi au Grand Palais des propositions d’envergure dans le traditionnellement superbe Salon d’honneur avec la mise en avant de figures tutélaires de la photographie sans pour autant verser dans le démonstratif. Derrière la figure de proue Man Ray, qui profite d’un superbe focus organisé conjointement par les galeries 1900-2000 et Gagosian, des photographes tels que Gina Pane (Richard Salomon, Londres), Juergen Teller (Suzanne Tarasieve, Paris), Barbara Probst (Kuckei + Kuckei, Berlin), Dorothea Lange (Danziger, New York), Bruno Serralongue (Air de Paris), Carolee Schneeman (Lelong & Co) ou Smith (Les filles du calvaire, Paris)…
Une sélection assez pointue qui privilégie l’histoire, l’ouverture à l’international et à la redécouverte qui témoigne de l’attention accordée par les galeries présentes à une lecture en profondeur de leur médium et promet une édition 2019 à la hauteur de la création qu’elle défend.