Daniel Richter à la galerie Thaddaeus Ropac
Au long de sept grandes toiles, Daniel Richter peint comme on combat, avec inventivité, avec fougue et plein d’une stratégie indescriptible, où la joie brute de la matière peinture continue de combattre avec son sens virtuose de la composition et de la mise en scène. Mystique et moderne, Daniel Richter superpose les influences, oscillant entre la profondeur d’un art moderniste et le décalage de l’illustration, voire de la bande dessinée en distillant insidieusement sa marque sans jamais se répéter. Car avec Daniel Richter, il est fortement question de fuir les apparences, ou du moins de les déjouer, transformant, au gré d’un imaginaire teinté de Pop Art, une certaine mélancolie du monde qui oscille entre les motifs apocalyptiques de ses silhouettes militaires et l’onirisme du soldat-guitariste déserteur.
Techniquement, l’audace et la qualité des compositions de Richter impressionne ; derrière les contrastes appuyés, ce sont de véritables défis lancés à la peinture, sa figuration flirtant toujours avec la possibilité d’abstraire le personnage du monde qui l’entoure. Et la véritable abstraction prend forme ; au milieu des roches presque organiques, parcourues des veinures caractéristiques de l’artiste, cette invitation au voyage exposée très sobrement dans la galerie Thaddaeus Ropac a des airs de dernière danse, tragique mais férocement enivrante.