Matthew Barney — Galerie Max Hetzler
La galerie Max Hetzler présente jusqu’au 25 juillet une exposition de nouveaux travaux de Matthew Barney qui, à travers un souvenir personnel, tisse une narration sensible autour du principe de causalité qui met en jeu la reconstruction des corps.
« Matthew Barney — Secondary: object impact », Galerie Max Hetzler du 7 juin au 25 juillet. En savoir plus Spectateur, dans son enfance, lors d’un match de football américain d’une terrible collision dans un colisée moderne où violence et exploits du corps se conjuguent, Matthew Barney fait de l’expérience traumatique un terrain d’expérimentation du choc, une zone d’intensification de l’accident. Décliné en plusieurs variations, le projet Secondary envisage autour d’un film principal présenté actuellement à la Fondation Cartier une série de productions explorant les dimensions aussi fantasmées que dramatiquement ancrées dans les corps.À travers une installation impressionnante où la fureur de l’impact entraîne à la transformation d’un vivant reconstruit, Matthew Barney fait se rejoindre mise en scène de la chair et exploration paléolithique pour inscrire l’événement dans une histoire longue. Glissant de l’image animée à la présence pesante, divers éléments disséminés dans le film prennent corps sous nos yeux, cherchant la vie jusque dans ses lambeaux.
Aux cimaises, les lignes de démarcation du terrain de sport deviennent prétextes à des dessins dynamiques dont les tracés obliques semblent entraîner irrémédiablement les objets vers le choc. Des forces qui entrainent à l’intrication des corps et la structure faite de tubes tordues présentée dans le second espace de la galerie, surmontée d’un maillot, révèle au regard la fonctionnalité de l’exercice de la force.
Les multiples éléments qui composent l’installation principale, eux, convoquent des régimes d’existence divergents (du textile au minéral, du manufacturé à l’organique) dont la distance et les écarts imposent une lecture quasi narrative de leur position. Figées, elles dramatisent la force du choc et la rencontre tragique à venir, voire, sur un plan plus symbolique, le drame de la déchéance déjà advenue tant certains angles d’observation convoquent l’image de l’ange déchu. Le « secondaire » du titre implique alors la causalité inhérente à chaque événement et, interdisant toute relégation vers l’anecdotique, révèle la part essentielle des entours inquiétants d’un spectacle qui tend à les cacher.
Plus ancré dans le réel qu’à l’accoutumée mais pas moins porté par une logique de transformation de notre regard, Matthew Barney retrouve dans ce projet son lexique de la mutation pour inventer une forme inédite d’exploration du souvenir qui plonge, à travers cette monumentalisation de la particule imperceptible, au cœur du drame de la matière vivante.