« Art Paris Art Fair 2016 », Grand Palais – La nef du 31 mars au 3 avril 2016.
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Sa place centrale dans Paris, sous la verrière du Grand Palais et sa position de premier temps fort de l’année artistique en France contribuent à son succès, mais plus encore, sa dimension plus humaine et l’absence de tensions et autres évictions qui agitent la scène artistique y sont certainement pour beaucoup. La foire évolue ainsi à son rythme en apportant chaque année son lot de nouveautés tout en maintenant ses invitations spéciales, avec une année 2016 qui fait la part belle à la Corée.
Après les pertinents solo-show introduits en 2015, cette édition organiser des projections numériques monumentales afin d’élargir encore le spectre des possibles en matière de mise en scène de l’art. Si son parcours est largement diversifié, les promesses que l’on pensait déceler l’an dernier restent encore en suspens et l’on espère que la foire saura convaincre de jeunes galeries dynamiques et engagées qui insuffleront une énergie et un niveau d’excellence qui lui font encore défaut.
Jean-Michel Alberola — Galerie Daniel Templon, Paris
Jean-Michel Alberola, Le Roi de Rien XII, 2016
Courtesy galerie Daniel Templon, Paris, Bruxelles
En parallèle à la très belle monographie qui lui est consacrée au Palais de Tokyo, Jean-Michel Alberola se voit célébré sous la verrière du Grand Palais avec des œuvres récentes et inédites qui traduisent son exploration des contradictions et connexions secrètes des pensées du monde en offrant une fois de plus un instantané de son regard sur le monde. Observateur infatigable et truculent, il propose avec
Le Roi de rien, XII un portrait éclaté et efficace d’un roi sans domaine, d’une autorité sans terrain, dernière émanation d’une série métaphorique entamée en 1993.
Ma Desheng — A2Z Gallery, Paris
Ma Desheng, Untitled, 2012
Courtesy A2Z galerie, Paris
Poète, peintre et habitué des performances, militant opposé au régime maoïste, cet artiste chinois installé depuis plus de trente ans à Paris brise les attendus et les conservatismes depuis la fin des années 70. Attaché à l’histoire millénaire de son pays mais désireux d’ouvrir une brèche dans sa modernité, il impose sa singularité picturale au long de séries de pierres immobiles, comme suspendues dans les airs. Pourtant, la vie gronde au sein de ces minéraux et une observation attentive nous tire de la contemplation passive pour nous exposer à la fougue sexuelle d’un accouplement impossible de ces silhouettes qui se dessinent en filigrane.
In Kyum Kim — Gallery Soso, Corée
In Kyum Kim, Space-Less, 2015 — Encre acrylique sur papier, 79 x 109cm
Courtesy Gallery SoSo, Corée
La peinture d’In Kyum Kim oscille entre geste minimal de peintre et précision industrielle offrant des aplats saisissants. Chaque couche agit comme un filtre sur la toile et offre une nuance subtile qui brouille les repères. Né en 1945, In Kyum Kim est présent dans de nombreuses collections institutionnelles sud-coréennes, qu’il représentait lors de la 46e biennale de Venise en 1995 et se voit régulièrement exposé lors de la
FIAC depuis le début des années 90.
Katinka Lampe — Galerie Les Filles du Calvaire, Paris
Katinka Lampe, Untitled, 2015 — Huile sur toile, 40 x 50 cm
Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du calvaire, Paris
Décalés, hors du temps et pourtant ancrés dans l’histoire, les portraits de Katinka Lampe manient avec dextérité l’art du paradoxe. Depuis plus de vingt ans, l’artiste néerlandaise poursuit une tradition séculaire qui résonne comme un prélude à l’engouement récent pour une figuration contemporaine. Sous les artifices (voiles, masques, chapeaux, etc.), les visages se défilent, fuyant une exposition frontale ou, au contraire, semblent braver notre propre regard. Face à cette nouvelle série, Katinka Lampe parvient à faire émerger un même sentiment trouble de pure singularité qui distille une harmonie ténue à travers la multitude d’angles, d’attitudes et de focales. En ce sens, plus encore que la subjectivité individuelle, c’est à une part collective de notre présent, de notre contemporanéité trouble et troublée que Lampe se mesure, pour mieux nous y confronter.
Cécile Chaput — Galerie Underconstruction, Paris
Cécile Chaput, Flat Burst #8, 2015 — Assemblage bois et Formica 115x72 cm
Courtesy galerie Underconstruction, Paris
Avec son installation à même le mur, la jeune artiste Cécile Chaput fait s’évader les plaques de Formica des meubles de cuisine typiques des années 70 pour les faire proliférer de façon anarchique dans des environnements nouveaux. Le procédé, d’une redoutable efficacité, nous ramène à une époque où la consommation et la décoration se faisaient « fonctionnelles », inventant une esthétique du progrès liée aux matériaux qu’elle découvrait. Collages épars de morceaux différents, ses sculptures inventent des formes géométriques inféodées qui fabriquent des perspectives impossibles.
Min Jung-Yeon — Galerie Maria Lund, Paris
Min Jung-Yeon, Le Doute d’horizon, 1, 2016
Courtesy galerie Maria Lund, Paris
Min Jung-Yeon compose des paysages fantasmatiques qui déjouent les horizons et nous plongent au cœur de mondes inquiétants où la beauté irréelle nous irradie de couleurs qui semblent imposer leurs propres mouvements, en lutte perpétuelle avec les éléments qui les entourent. Chacun des petits formats présentés sur le stand de la galerie Maria Lund fait ainsi figure de porte d’entrée sur un rêve éveillé où souvenirs personnels de l’artiste et communication extrasensorielle se mélangent en un décor éthéré qui invite à une calme contemplation.