FIAC 2021 — Grand Palais Ephémère
Pour une édition de reprise après la suspension involontaire de 2020, qui plus est dans un lieu inédit et éphémère, la FIAC, dans sa multitude et sa variété, dans la liberté de ton et la qualité des œuvres présentées rappelle, après de longs mois de sevrage, la force de la création actuelle et la qualité d’une institution qui, année après année, continue d’affirmer son importance.
Cette FIAC donc, que l’on disait plus « sage » depuis quelques années, semble avoir atteint la mue de cet adjectif de sa valeur morale et légèrement rébarbative en valeur intellectuelle. Plus encore, ce sentiment d’une belle sagesse touche à l’ensemble des époques, laissant entrevoir également l’intelligence de nouveaux regards sur une histoire qui continue de se lire à nouveau frais, mettant en avant des figures que l’on se réjouit de redécouvrir ou des œuvres injustement laissées de côté. La liste, à notre plus grande joie, trop longue, ne s’apprécie qu’à son contact direct. C’est assez rare pour être souligné, cette FIAC est donc à visiter.
Le Grand Palais Éphémère, dont on savait la qualité, reste une alternative de qualité et de charme pour la foire, qui a échappé aux parcs des expositions sans âme que l’on craignait il y a quelques années. Les stands vivent et se répondent avec une belle régularité, alternant les propositions dialogues heureux entre les œuvres et les projets plus ramassés autour d’un ou deux artistes qui participent toujours de la force d’une foire.
On regrettera qu’elle ne ménage pas une place à une création ultracontemporaine qui opère dans le mouvement inframince de la discrétion et de la collaboration pour perturber les lignes des catégories, ancrée sur les territoires qu’elle investit et les rencontres subjectives qui s’y créent (par définition difficilement assimilable par le marché et d’autant plus urgente à défendre). Quoiqu’on pense de ses inégales manifestations, inviter des collectifs pensant au quotidien la transdisciplinarité, par souci formel, éthique ou même simplement matériel (soulignant souvent leur nature indissociable) formerait un complément bénéfique et salutaire.
Pour autant, cette 47e édition, marquée encore par les difficultés d’échanges internationaux ralentis et par les aléas de programmation artistique bouleversés, rappelle avec force et une certaine sérénité la qualité fabuleuse de la scène artistique contemporaine internationale dont elle parvient à rendre un reflet étrangement juste, reléguant les excès qui caractérisent le monde qui gravite autour au second plan.