George Rouy — Galerie Almine Rech
Après avoir marqué la scène parisienne en 2019 à l’occasion de l’exposition Metamorphosis à la Fondation Cartier, George Rouy a continué de développer un œuvre saisissant où les sujets, des êtres obscurs et terriblement charnels, semblent se fondre dans une fusion des corps qui se joue des règles de la physique.
Inspiré par l’art moderne comme par la peinture médiévale, chacun de ses tableaux offre une mise en scène édifiante dont le grotesque, l’inconfort et la monstruosité n’attente jamais à la cohérence. Trouvant en cela un écho inattendu avec l’usage de la photographie contemporaine, chaque œuvre découpe dans un paysage fantastique une image cohérente, vignette délimitée et presque allégorique d’une étude qui se manifeste par des tableaux-sommes. Ici, l’homme, ou à tout le moins l’organique, constitue l’architecture et définit la ligne d’horizon à apprivoiser, elle-même devenue mouvante à l’image du trouble changeant qui émane des couleurs qu’il appose sur la toile.
Comme constamment saisi par son retard, notre regard ne peut que constater la dynamique de compositions dont il ne comprend jamais s’il est en devenir ou d’ores et déjà perdu, évanoui dans une tragédie à venir. Comme l’évoque Loïc Le Gall dans le texte de présentation de l’exposition, on plonge à la suite de Rouy au cœur d’un « chaos non scénarisé » qui fait de la dégénérescence une visée absolue. De même que la rose, sa mise en crise de la causalité est sans pourquoi. Et la beauté qu’il invente, en même temps qu’il semble nous y condamner, fleurit parce qu’elle fleurit…
Cette combinaison entre chaleur organique et froideur de corps dépouillés de toute expression claire laisse plus que jamais, au cœur du superbe accrochage de la galerie Almine Rech, émerger le sentiment d’un trop-plein de l’imaginaire où fantasme et rêves deviennent l’alternative la plus efficace au réel, installant dans cette distorsion une vie définitivement plus intense.