Guerrilla Girls — Galerie mfc-michèle didier
Accompagnant la production d’un ensemble d’affiches et de clips qu’édite la galerie mfc — michèle didier, la nouvelle exposition des Guerrilla Girls est l’occasion de mettre en valeur le travail de ce collectif qui, depuis 1985 dénonce et démonte les mises au ban de l’histoire des femmes artistes.
Dans une logique d’agit prop à l’esthétique oscillant entre détournement habile et choc visuel, les Guerrilla Girls pratiquent la stratégie de la dénonciation pour souligner des états de fait dont la société, par paresse et /ou par idéologie mysogine, ne relève pas l’absurdité. Si la logique de l’amalgame, embrassant des situations multifactorielles dont la seule volonté ne suffirait pas à enrayer la persistance, ressort principalement de ces campagnes du choc, l’observation objective et le rapport, pour prendre ne prendre qu’un exemple, de nombre de nus féminins en regard du nombre de femmes artistes dans les musées ne peut que sidérer.
Étendant leur toile à toute forme de discrimination, les Guerrilla Girls installent dans la société l’urgence d’une prise de conscience et, plus encore, de mise en place d’une stratégie d’action concrète. Le silence, de ceux précisément qui ne peuvent ressentir ces frustrations devient l’agent responsable d’une glaciation de la domination. Coupable, à tout le moins fort d’une responsabilité, il est nécessaire de se faire écho de luttes dont la formulation même participe d’une lecture repensée de notre histoire, déprise des formes de domination qui continuent de modeler les regards. L’adoption de pseudonymes par les membres du collectif, le travail continu et la persistance de l’image du gorille, née selon la légende d’une faute de frappe participent à faire des Guerrilla Girls une vigie active des habitudes du monde de l’art dont la capacité de réaction maintient une pression salutaire sur les esprits.
Une participation à laquelle le collectif invite le public avec un bureau des plaintes (qui a manifestement trouvé échos tant les propositions sont nombreuses) présentant une multitude de doléances témoignant, pour nombre d’entre elles, d’une véritable rupture d’égalité entre membres d’une même société. Une première activation de ce dispositif qui ancre plus encore leur travail dans le quotidien.
La présentation à la galerie mfc-michèle didier vient ainsi sonner le rappel d’un combat qui continue de se mener et, malgré sa relative ancienneté, ne perd rien de son urgence et se voit surtout opposé des guerrilleras toujours aussi impliquées.