Réouverture du Palais de Tokyo
Performances, conférences, installations, concerts : le 12 avril, un Palais de Tokyo inédit convie le public pour trente heures de création plurielle. Près de cinquante artistes dévoilent durant cette entr’ouverture les coulisses d’un espace à l’épure transfigurée.
Soucieux « d’appréhender un projet d’architecture comme un paysage », Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, déjà en charge du premier Palais de Tokyo à la fin des années 1990, ont privilégié des modes de circulation verticale et restitué le site à sa transparence initiale. D’alcôves en terrasses intérieures, d’amples salles d’exposition déployées sur quatre niveaux en jardins luxuriants, l’expérience esthétique du visiteur se prolonge dans cette glissade translucide qui, selon le maître des lieux, « fabrique la liberté d’usage, la flexibilité, le renouvellement des projets. »
Poursuivant son action en faveur de la création émergente, la programmation s’enrichit d’un soutien fort aux artistes reconnus, tel Hans-Walter Müller, concepteur du Little Palais dont l’ouverture est prévue pour 2012. En pleine effervescence, le Palais joint à sa quête de singularité le souhait de séduire un plus large public, comme de réformer la relation entre artistes, curateurs et visiteurs. L’expérience de nouveaux formats et de dispositifs de sensibilisation aux pratiques contemporaines viennent bouleverser les rapports institutionnels. Des créateurs venus de la mode, du cinéma ou de la science peuvent alors investir un itinéraire décloisonné, adapté aux grandes questions contemporaines.
Avec les « Alertes », les artistes interviennent en-dehors de toute programmation pour réagir, non sans turbulence, à ce qui fait l’actualité. Comme pour être « au plus près des impulsions de l’époque. » Dès 2013, une quinzaine de jeunes curateurs français et internationaux s’empareront du lieu et, l’année suivante, bureaux et menus seront confiés à un plasticien français. « Ici, l’art s’étend, s’infiltre, j’espère nous gêne parfois, et devient territoire ! », témoigne Jean de Loisy. Ainsi, les œuvres pérennes de Jean-Michel Alberola, d’Ulla von Brandenburg ou encore de Julien Salaud sont installées à demeure, révélant l’hybridation, la diversité des choix curatoriaux. Monographies, expositions thématiques, nouveaux modules et collaborations audacieuses avec le réseau des FRAC, des écoles, centres d’art ou même le Louvre confirment l’ambition du directeur : « être réactif sans être superficiel, attentif sans être immobile, profond et actif. »
Sous l’impulsion d’une équipe indisciplinée, le nouveau Palais de Tokyo appelle comme jamais à « l’exploration stridente de l’humain. » L’entr’ouverture est en cela un premier manifeste, autant qu’un insolent prélude à La Triennale qui sera inaugurée à l’ouverture définitive du centre le 20 avril.