Topographies de la lumière — Espace Topographie de l’art, Paris
Après Immatérialité en 2019, Domitille d’Orgeval s’attache spécifiquement à la lumière artificielle dans l’art contemporain. Son exposition collective Topographies de la lumière nous invite à parcourir l’espace Topographie de l’art, plongé dans l’obscurité et éclairé par les œuvres d’artistes internationaux. Celles-ci apportent chacune une intensité lumineuse, plus ou moins vive et dont l’éclat peut nous procurer toutes sortes de sensations. Elles prolongent l’histoire de l’utilisation de la lumière dans l’art contemporain et notamment la présence du néon dans les sculptures et installations.
La sculpture de Paul Créange suggère un geste élancé, des lignes fluides qui dansent, des branches d’un arbre en mouvement… Intitulée Unburnt brunch, elle irradie et évoque la fixation d’un phénomène lumineux. Dans un angle, Corner piece de Christophe Dahlhausen, se découvre comme une structure, une construction à venir ; lorsque l’espace s’assombrit, des lignes bleues de la lumière des néons apparaissent.
Les œuvres de Félicie d’Estienne d’Orves nous amènent à voyager vers le cosmos et à nous projeter dans un territoire aux repères spatiaux différents des nôtres. Elles nécessitent d’appréhender un phénomène scientifique. Erupting Light, l’installation de Gun Gordillo, ensemble d’éléments colorés lumineux mis en tension vers le haut, propage sa lumière et nous engage à ressentir une forme d’énergie. Notre perception est stimulée. En parcourant l’exposition, SP17, œuvre d’apparence minimaliste, en néon et tubes d’échafaudage, de Nathaniel Rackowe, attire ensuite notre regard.
Puis, l’installation de Jeanne Berbinau Aubry, réalisée à partir de verreries de laboratoire, nous conduit à prêter attention à un cheminement potentiel de fluides et de courants électriques. Les matériaux à destination de scientifiques deviennent vecteurs d’une lumière qui semble se déplacer. Il est également question de mouvement dans l’installation de Quentin Lefranc. Celle-ci nous captive par son rythme d’allumage : chaque caisson diffuse sa lumière douce et colorée, puis s’éteint selon un programme. Un dialogue semble s’opérer entre les éléments géométriques écartés les uns des autres.
Avec Broken Space, Gladys Nistor fait apparaître une forme géométrique noire et blanche : un espace énigmatique suspendu émerge du mur. S’ouvre alors un ailleurs lointain vers lequel nous évader. Dans cet ensemble de propositions incarnées par la lumière, celle de Dominic Grisor s’apparente à un signal venant ponctuer une architecture en transformation.
L’activité interne de notre corps se manifeste dans les travaux artistiques de Pascal Haudressy et d’Helga Griffiths. Heart, boucle numérique de P. Haudressy se révèle tout d’abord comme un réseau de lignes rouges puis, un cœur qui bat se perçoit progressivement. La vidéo de Griffiths nous invite à contempler un paysage lunaire propice à la médiation. Les plus attentifs verront la forme d’un cerveau, celui de l’artiste.
Ce projet curatorial assouvit notre envie d’évasion et d’émerveillement. Les variations de lumières des œuvres évoluent au fil des heures de la journée et celles-ci apparaissent pleinement à la tombée de la nuit. Les installations, reliefs, sculptures et projections deviennent des balises, des lignes, des formes colorées et jouent sur notre sensibilité aux diverses sources de lumière. Certaines se font visuellement écho tandis que d’autres nécessitent un temps long afin d’accueillir leurs effets optiques. Notre déplacement dans l’espace Topographie de l’art est ainsi guidé par les structures et formes qu’elles dessinent.
L’exposition Topographies de la lumière stimule ainsi notre imagination et active la résurgence de souvenirs d’atmosphères colorées. Elle compose un environnement lumineux dans lequel de multiples émotions et pensées peuvent surgir en nous. Ainsi, ces réflexions inciteront-elles à faire l’expérience de ces œuvres de lumière.