YIA Art Fair 2016 — Le Carreau du Temple
Avec sa soixantaine de galeries, YIA Art Fair assoie chaque année un peu plus sa place centrale dans la semaine de l’art contemporain à Paris et propose, pour cette édition 2016, un parcours aéré et plutôt très agréable, même si on peut déplorer une légère disparité entre les galeries.
On y a été particulièrement sensible aux galeries de premier rang avec l’audace d’Anne de Villepoix qui offre un solo-show à Hubert Marot. Avec une belle sobriété, ce dernier fait dialoguer l’intensité d’une image révélée par la fixation progressive de la lumière à la céramique dérobée au réel, issue de moulages de selles de scooters. Chez Laure Roynette, la belle découverte de Mathieu Weiler avec une toile issue d’un triptyque qui, derrière son classicisme et sa grande maîtrise technique, cache une poésie aussi sereine qu’inquiète, aussi contemplative que brutale. La toujours aussi surprenante et engagée galerie Analix Forever offre un dialogue pertinent entre deux artistes aux pratiques divergentes mais qui savent tous deux questionner notre enfermement. Face aux ébouriffantes sculptures brutes d’Abdul Rahman Katanani, la délicatesse des velours de Maro Michalakakos n’en perdent pas moins leur force et leur confrontation dessine une véritable atmosphère sur un stand qui impose sa présence. De même, on saluera la profusion délicieuse de visages sur le stand de Less is more Projects et la maîtrise curatoriale de la galerie Escougnou-Cetraro dans son espace.
Un parcours savoureux donc, relevé par l’intelligente utilisation de l’espace qui offre des respirations entre les parois mêmes du Carreau du Temple. Une intelligence enfin clairement à l’œuvre dans la sélection de discussions organisées par la foire, ambitieuse et exigeante, qui aura proposé un programme de haute volée dont on ne peut que saluer l’engagement et la pertinence des intervenants.