
Intimate Visions — Galerie White Cube, Paris
La galerie White Cube présente Intimate Visions, une exposition ambitieuse, bien que malheureusement quelque peu frustrante et maladroite, mêlant des œuvres de diverses époques au service d’une vision romantique de la rêverie intime.
Mal ordonné et sans véritable problématique, le parcours saute d’une humeur à l’autre sans souci des époques ni des formes. Une audace qui se heurte pourtant au classicisme d’une scénographie qui compile plus qu’elle n’invente. Les œuvres, pour touchantes qu’elles soient, ne partagent aucune réflexion commune et tendent à se réduire à l’accessoire d’un décorum précieux mais assez vain. Victor Hugo côtoie Tracey Emin sans éveiller la moindre interrogation, tandis qu’Aristide Maillol se voit presque totémisé, une érection pop qui ne va pas plus loin que la belle image qu’elle produit. De même, le dessin de Klimt, dont l’évidente efficacité force le silence, ne trouve aucune résonance — pas même, là encore, chez une Tracey Emin qui a pourtant su offrir, dans certaines de ses œuvres, une réactivation fulgurante et comme en miroir de ce regard sur les corps.
À jouer sur les frontières de la création et la mise en crise de la hiérarchie des pratiques, le parcours ne parvient pas à faire émerger les enjeux de cette proximité ni à articuler les processus de création, pourtant cruciaux, entre création plastique et arts décoratifs.
Oscillant entre une mise en question du corps et du regard, la réflexion se perd dans des directions éparses et ne tient jamais le fil d’intention d’une rencontre prometteuse entre séduction et intimité, entre extériorisation de soi comme expression de son indépendance et volonté de magnétiser le regard. L’ensemble s’aplanit ainsi dans une réduction subjective aux allures de catalogue de décoration, charmant mais dispensable.
Intimate Visions, curateurs Clémande Burgevin Blachman et Mathieu Paris, exposition du 7 mars au 10 mai 2025, White Cube Paris, 10 avenue Matignon, 75008 Paris.