Nge Lay & Aung Ko — Mac Val, Vitry-sur-Seine
Le MAC VAL propose jusqu’au 3 décembre une exposition de deux artistes birmans en exil, Nge Lay et Aung Ko, accueillis en résidence au printemps 2022 à Vitry.
« Nge Lay et Aung Ko — Mémoires », MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne du 3 juillet au 31 décembre 2022. En savoir plus Tout entier parcouru de ce déplacement constant de leur corps, leur œuvre poursuit les deux dimensions du souvenir et de l’adaptation à un nouveau contexte. Avec Mémoires, les deux artistes font résonner leur histoire avec celle du territoire qui les accueille en gardant comme fil conducteur la figure humaine, au centre finalement de leur préoccupation. A travers divers médiums, l’installation, la vidéo, la couture, le dessin, Nge Lay et Aung Ko élaborent un projet intriguant et généreux.Si la somme d’interviews de résidents locaux qui forme le film inital de l’exposition vire logiquement à l’exercice formaté et aux témoignages egocentrés, l’attention sincère à la parole de chacun touche et porte ce contexte d’une découverte par le partage. Une double voix inédite dans un paysage urbain comme essentiellement amené à recevoir cette modalité de vie ; riche de sa diversité de parcours, la mégapole accueille des vies aux préoccupations plurielles, contraintes de se conjuguer dans un environnement restreint. La politique devient alors une voie d’entrée, un échappatoire inversé ou le présent fait résonner le passé, le proche le lointain.
Fragile et évanescent, le matériau même des œuvres témoigne de cette approche en douceur, presque pudique d’un réel fragile, menacé par son histoire. Le slogan vindicatif d’une lutte terrible de la population birmane contre son pouvoir militaire (“We don’t accept military coup”), cousu à même la toile, s’ébroue au passage de l’air, les images historiques et présentes du Val de Marne s’agitent sur les tissus qui les accueillent.
L’ensemble laisse alors s’échapper une atmosphère propice à la rêverie, à la nostalgie mais aussi assez intelligemment à la possibilité d’inventer des nouveaux souvenirs, d’implanter de nouvelles vies au sein de nouveaux espaces. Différences et répétitions semblent alors s’engager à l’unisson dans un concert d’échos où la mémoire apparaît à même la matière, en filigrane.
Les nouveaux souvenirs s’inscrivent ainsi dans la chair même de l’exposition à l’image de ces symboles reproduits de panneaux du métro parisien qui brillent par transparence dans le sol. Un alphabet que les artistes découvrent chaque jour durant leur exil et qui semble à son tour peupler leur imaginaire.