Soudain, déjà — Traduire n’est pas illustrer
Mais quels liens, si ce n’est d’illustration, se tissent donc entre les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami de 2004 en Thaïlande et le nuage déferlant de Laurent Grasso (Projection, 2005), les polyèdres en gravas de Simon Boudvin (Tectoèdres d’ordre 6, 2009) ou le cheval empaillé d’Emilie Pitoiset (Ordinary Experience, 2008) ? Peut-être s’agit-il davantage de traduction plastique. Non pas mise en image d’un fait, renvoi littéral au sujet d’actualité et, en conséquence, réduction de l’œuvre à un énoncé, mais infiltration
Fort bien. Reste à éprouver la façon dont les éruptions volcaniques de Thu van Tran (Oie pétrolée, 2011), les appartements désolés de Farah Atassi (Bathroom, 2009), les poutres lacérées de Raphaël Zarka (Bille de Sharp, 2008) ou les meubles fracassés de Baptiste Debombourg (Inception II, 2010) expriment, par leurs agencements de matériaux et de signes, ce qu’il y a d’inexprimable dans le cours de l’histoire depuis 2001. Au spectateur de contourner une lecture allégorique de ces œuvres, qui en ferait de simples représentations d’idées abstraites, pour se rendre sensible à la présence matérielle d’un non-conceptuel de nature historique.
Sarah Ihler-Meyer