Glen Baxter — Galerie Isabelle Gounod
La galerie Isabelle Gounod présente Onward!, une nouvelle exposition personnelle de l’incontournable Glen Baxter, figure d’un art de l’image dont l’humour à vif détourne les codes de la représentation illustrée.
Les figures héroïques et autres tenants d’une morale sociale codifiée y chutent du piédestal que Baxter, comme tous les enfants des années 1950 et 1960 avaient pu, à force de projection imaginaire, leur ériger. Savoureuse et mordante, cette « déconsécration » drôlatique se pare aujourd’hui d’un doux parfum de célébration d’un humour qui, s’il s’attaque frontalement aux dérives autocentrées du monde de l’art, aux addictions et désordres familiaux, aux immobilismes sociétaux comme aux représentations traditionnelles de la virilité, ne cède en rien à l’amertume et à l’aigreur.
Avec des œuvres datées de 2010 à nos jours, la bien nommée exposition Onward! (« En avant ! ») témoigne de cet esprit d’allant et d’encouragement à ne pas s’arrêter face à l’adversité de la bêtise ; profondément humaine, elle nous est tendue par Glen Baxter comme un miroir de son existence essentielle. Et surtout utile. C’est que l’artiste, dans la vivacité et la persistance d’un ton continuellement repensé sans être bouleversé, est capable d’un tour de force rare ; synthétiser et composer des allégories sans laisser poindre une quelconque forme de condescendance ou de supériorité. Premier témoin de ces apories absurdes, il ne paraît jamais bien loin d’en partager gaiement la farce de s’y laisser prendre au piège. À rebours du refuge acide du soliloque, le dessin de l’artiste est une caisse de résonance active d’impasses de la raison qu’il transforme en voies de traverse pour cheminer, l’esprit aux aguets mais la conscience légère, dans l’océan de nos contradictions.
Car au final notre culture à tous est faite de ces accidents impossibles des registres de la pensée, dont la survie tient, comme il s’en fait chantre d’une métaphore jouissive, surtout à notre capacité à les embrasser. Et à se remettre en selle, tel ce cow-boy arrêté dans sa course effrénée au creux d’un ravin par un emblématique original de Kandinsky, riche de ces visions paradoxales du monde qu’il nous revient d’articuler.