Albert Oehlen
« Albert Oehlen », Galerie Nathalie Obadia du 15 octobre au 17 décembre 2011.
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Chaque rencontre avec l’œuvre d’Albert Oehlen est un drame magnifique, la promesse d’une perte autant que d’un retour, imposant des modalités nouvelles pour explorer les possibilités visuelles de la toile. Car l’artiste n’en finit plus de déjouer sa propre œuvre et crée, dans chacune de ses séries, un tour inattendu et comme inlassable, continuant de chercher des voies de traverse.
Et par ses matières, ses couleurs, le minimalisme millimétré d’Oehlen joue encore une fois des formes, des supports et des surfaces pour organiser la rencontre des motifs, tour à tour libérés ou prisonniers de la composition. Il se passe ainsi des milliers d’histoires dans ces agencements aux allures de puzzles labyrinthiques qui, s’ils abandonnent la couleur, n’en retrouvent pas moins la matière peinture.
Empilement de couches et de sous-couches, de traces et de disparitions, les pièces d’Oehlen font de la réaction du pigment sur la toile une matière essentielle à l’identité de sa peinture, à sa possibilité de disséminer la trace dans l’espace et proposent, dans le silence de la toile,
une spectaculaire invention des formes. De fait, il y a une double direction tangible dans les travaux d’Oehlen, qui ici aussi, rejoignent sa démarche. Une présence dominatrice d’un peintre maître de ses formes et de sa réflexion autant qu’une vie propre de la peinture, une force organique des matières et des lignes qui s’interpellent et imposent leur nécessité. Entre sublimation de la réaction chimique et répétition de la production des patterns, c’est la trace même qui semble prendre vie au travers de ces formes qui s’engendrent autant qu’elles se rencontrent.