Gabriel Leger — Galerie Sator •••
« Gabriel Leger — Fétiche », Galerie Sator du 10 avril au 31 mai 2014.
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Gabriel Leger est un penseur-chasseur. Ce qui l’attire, l’intrigue, il aura le fantasme de le faire sien. Conserver les idées, telles des fétiches. Le bitume, mémoire du monde, connu depuis la haute Antiquité, se charge ainsi de figer (rendre solide par refroidissement, étymologiquement) certains objets. Ainsi des vinyles américains des années 60, dont il capture l’essence. Mais Gabriel Leger ne s’arrête pas à ce premier degré teinté d’adoration. Il s’agit aussi de salir, de rendre poisseux la douceur édulcorée des chansons d’amour qui faisaient fi d’une réalité historique tragique. Alors que tournaient ses disques, chantant en boucle des mots suaves, la guerre du Viêt Nam sévissait, emportant avec elle des millions de vies. L’histoire, chez l’artiste n’est jamais très loin. L.C.-L.
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Gabriel Léger, Fétiche (Détail)
Courtesy de l’artiste & galerie Sator, Paris
Wilfrid Almendra — Les Églises de Chelles ••
« Wilfrid Almendra — Between the Tree and Seeing it », Les églises centre d'art de Chelles du 23 mars au 11 mai 2014.
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D’une église, pourquoi ne pas faire une serre ? La belle audace de Wilfrid Almendra sévit une fois de plus au cœur du centre d’art des Églises de Chelles, imposant par son voilement la présence organique de la nature au sein d’un bâtiment fondé sur le religieux. Une fois encore, Wilfrid Almendra développe sa tentative de penser la possibilité d’une mémoire, une expérience par la présence de l’objet, bien plus que par sa symbolique ou son intelligibilité. Par là, c’est la chose même qui se pare d’une nécessité. Irréductibles à leur histoire autant qu’à leur utilisation par l’artiste, les objets de Wilfrid Almendra ont une vie propre, une somme d’expériences secrètes qui ne se découvre que par notre relation à eux, par l’implication du visiteur et son inclination, plutôt qu’apprendre ou comprendre, à réellement « faire connaissance » avec eux. G.B.
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Wilfrid Almendra, September 25th 2013 at night, 2014 (Détail)
© Aurélien Mole
Deux pièces meublées — Galerie municipale Jean Collet ••
« Deux pièces meublées », Galerie municipale Jean-Collet du 23 mars au 4 mai 2014.
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Placée sous le patronage théorique de John Armleder qui rappelle que l’œuvre d’art « a toujours aussi été un objet domestique », Deux pièces meublées tente de poursuivre la réflexion autour d’une confrontation entre mobilier et installation artistique. L’exposition présente ainsi une très belle cohérence thématique et ouvre une véritable réflexion subtile sur la forme de notre quotidien et la multitude d’artistes invités parvient à créer un dialogue cohérent et riche qui fait de l’espace la forme essentielle de conditions de vie qu’il nous appartient de questionner. G.B.
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Katinka Bock, Haltung, 2010 Chêne, basalte et acier — 75 × 200 × 80 cm (Détail)
© Katinka Bock / CNAP / photo : Galerie Jocelyn Wolff
François Morellet — Galerie Kamel Mennour •••
« François Morellet — C’est n’importe quoi ? », Galerie Kamel Mennour du 29 mars au 17 mai 2014.
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Il y a un humour démesuré chez Morellet. Heureuse ironie qu’annonce d’office le titre de l’exposition ;
François Morellet, c’est n’importe quoi ? Certes, les équations mathématiques de cet ancien industriel sont factices et ne mènent à aucune démonstration. Certes, ses œuvres sont un pied de nez permanent à l’histoire de l’art. Et pourtant, même s’il cultive une forme de sarcasme délicat, Morellet, à 87 ans, est toujours d’une rigueur absolument construite. Alors, cela a beau être « n’importe quoi », cela importe. Et cette exposition rend compte une fois de plus de la modernité malicieuse d’un artiste qui dès les années 60 activa lumière et mouvement, s’empara d’un matériau industriel pour faire vaciller la rétine du public et fit sien un vocabulaire géométrique sacré pour le sortir du temple, voire de l’église de l’art. L.C.-L.
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François Morellet, Pier and Ocean, 2014
(Détail) — En collaboration avec Tadashi Kawamata
© ADAGP François Morellet — Photo Fabrice Seixas — Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris
Bill Viola — Grand Palais
« Bill Viola », Les Galeries nationales du Grand Palais du 5 mars au 21 juillet 2014.
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Derrière les envolées spirituelles et la symbolique omniprésente, c’est à une expérience bien concrète que nous confronte Bill Viola, celle du temps présent, celui-là même qui est à l’œuvre dans le regard. Sous nos yeux, les images ne se succèdent pas, elles se forment, les couleurs s’emmêlent, se rencontrent et, des procédés à l’œuvre dans les vidéos de l’artiste émergent une pléiade de détails explosifs, motifs minuscules qui font se rencontrer matières, couleurs et formes. La contemplation et l’apparente lenteur cachent alors une infinité de révolutions. Une belle simplicité qui retourne les évidences ; l’artifice devient feu d’artifice. G.B.
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Bill Viola, Ascension, 2000 (Détail)
Courtesy of the artist & Bill Viola Studio, Long Beach, États-Unis
Robert Mapplethorpe — Grand Palais ••
« Robert Mapplethorpe », Les Galeries nationales du Grand Palais du 26 mars au 13 juillet 2014.
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S’il est relativement court, le parcours consacré à Robert Mapplethorpe au Grand Palais n’en est pas moins riche avec une concentration de près de 200 œuvres qui courent sur deux décennies d’une production qui porte en elle, dès ses débuts, la marque d’une quête, d’une recherche de l’émotion esthétique. D’un art radical à une image dominante, l’exposition dévoile l’ambiguïté constitutive de la démarche de Robert Mapplethorpe, creusant sans les sacraliser les sillons d’une œuvre aussi forte que déterminante de la représentation d’aujourd’hui. G.B.
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Robert Mapplethorpe, Lisa Lyon (Détail)
© Robert Mapplethorpe Foundation
Berlinde De Bruyckere, Philippe Vandenberg — La Maison rouge •••
« Berlinde De Bruyckere & Philippe Vandenberg — Il me faut tout oublier », La Maison Rouge du 13 février au 11 mai 2014.
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En 2005, l’exposition
Eén qui se tenait à la Maison rouge présentait pour la première fois dans notre Hexagone le travail de la Flamande Berlinde De Bruyckere. Près de dix ans plus tard, on la retrouve toujours entre les murs de la fondation Antoine de Galbert mais cette fois, à l’occasion d’un dialogue qu’elle a élaboré avec l’artiste décédé, Philippe Vandenberg. La confrontation entre leurs œuvres est d’une homogénéité stupéfiante et glace d’évidence le sang. Il faut saluer ici la Maison rouge d’avoir su donner aux espaces du bas des allures de boxes. On y entre, à reculons, pris entre les tenailles de la peur, face à la crudité et la teneur des sujets, comme un animal reculerait avant d’être exécuté. Mais ici, tout dit vrai. Les formes respirent la vérité. Celle, taboue et enfouie de notre fin dont on a peur de prononcer le nom. L.C.-L.
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Vue de l’exposition Berlinde De Bruyckere & Philippe Vandenberg, « Il me faut tout oublier » à la maison rouge (Détail)
Photo : Marc Domage, 2014
Esther Ferrer — Mac/Val ••
« Esther Ferrer — Face B. Image / Autoportrait », MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne du 15 février au 13 juillet 2014.
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Avec cette très belle rétrospective intitulée
Face B. Image / Autoportrait, c’est une figure de l’art atypique et singulière qui se voit honorée par une institution française. Pionnière de l’art performatif et de l’implication de son propre corps comme sujet de ses œuvres, Esther Ferrer décline avec malice, dans cette exposition consacrée à ses « autoportraits », son visage à l’infini. Un monde ludique dans un espace temps, l’espace d’une vie. Dépouillée de toute fiction, cette multiplication de balises annule la linéarité du temps pour lui préférer une définition par soubresauts, par inspirations. Ce temps est proprement celui d’Esther Ferrer qui, à travers son art, ses gestes, sa pratique, offre le spectacle d’une véritable biographie universelle, d’une vie d’artiste, de la vie de l’art. G.B.
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Esther Ferrer, Vue de l’exposition « Face B. Image / Autoportrait », Mac/Val, 2014
© Slash-Paris
Matt Saunders — Marian Goodman ••
« Matt Saunders — A Step Away From Them », Galerie Marian Goodman du 13 mars au 10 mai 2014.
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C’est en couleur que se déploient pour la première fois les captivantes créations de Matt Saunders. Celui-ci a délaissé le gris délavé, souvent utilisé pour ses séries de dessins d’acteurs et d’actrices dans la tourmente et oubliés, pour passer aux tirages « chromogéniques ». À mi-chemin entre photographie et peinture, Saunders trouble les pistes et brouille les codes. S’il en a fini avec le noir et blanc, il n’en oublie pas pour autant ses sujets nostalgiques, comme en témoigne la représentation de la comédienne Rose Hobart qui a joué dans un film qui porte son nom, signé du cinéaste expérimental et surréaliste Joseph Cornell. Dans la salle du bas, les images qui défilent présentent une recolorisation du film par le cinéaste lui-même. Recolorisation sur recolorisation, de quoi penser que Saunders a définitivement quitté l’ombre pour la lumière. L.C.-L.
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Matt Saunders, Reverdy / King Hu, 2014 (Détail)
© Matt Saunders
Post op — Galerie Perrotin ••
« Post-Op. Perceptual Gone Painterly 1958-2014 », Galerie Emmanuel Perrotin du 8 mars au 19 avril 2014.
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Pour ce profus et très pertinent
group show, la galerie Perrotin se propose de passer du perceptuel au pictural en balayant sous ce prisme l’histoire de l’art de 1958 à aujourd’hui. Pari réussi grâce à la confrontation astucieuse d’œuvres de renom, signées Sol Lewitt (Wall Drawing, 1970) ou Louise Bourgeois (Untitled, 2005) avec celles, plus récentes d’artistes tels que Julian Hoeber, Claudia Comte, ou encore des frères Quistrebert. Dans ce vaste parcours qui prend place dans les deux espaces de la galerie, les yeux et le corps sont engagés dans un même mouvement face à ces créations qui tiennent beaucoup de l’Op art et du cinétisme. On croit ici ou là, voir un mirage et soudain les formes bouger jusqu’à se détacher des toiles. Le propre de ces images est ainsi de déstabiliser la perception, et de nous faire douter, jusqu’au malaise heureux, de nos sens. L.C.-L.
Blair Thurman, Pop-Sirkle (CCKSCKR Hat #2), 2011 (Détail)
Courtesy Triple V, Paris
David Douard — Palais de Tokyo •••
« David Douard — Mo’Swallow », Palais de Tokyo du 14 février au 12 mai 2014.
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Il faut laisser aux impressions le temps d’aller pour ressentir combien le corps humain est au cœur de « Mo’Swallow », l’exposition personnelle de David Douard au Palais de Tokyo. Avec Tetsumi Kudo, qui fut un des premiers artistes à préfigurer un « post-humanisme » où Homme et technologies seraient réunis dans une nouvelle culture, une filiation s’impose de fait. Placée en fin de parcours comme un ultime encouragement à l’immersion fictionnelle, son œuvre semble être le cerveau agité duquel l’ensemble de l’exposition a essaimé. M.C.
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Vue de l’exposition monographique de David Douard « Mo’Swallow », dans le cadre de la saison L’Etat du ciel (14.02.14 — 12.05.14), Palais de Tokyo, Paris (Détail)
Courtesy galerie High Art — Photo : Aurélien Mole
Des hommes des mondes — Collège des Bernardins ••
« Des hommes, des mondes », Collège des Bernardins du 7 mars au 15 juin 2014.
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La proposition était belle. Pour penser le monde dans son expression nomade et globalisée, il fallait donner à voir des « œuvres bagages », pensées en mouvement. Certes, certaines installations sont fixées sur roulettes et d’autres invitent au voyage, mais cela ne suffit pas à offrir une image forte, encore moins une idée, de ce qu’est devenu notre monde pluriel ou collectif. Mais de quel monde cette exposition parle-t-elle au juste ? Bien trop vaste et générale, celle-ci aborde aussi bien le post-colonialisme avec l’artiste Rina Banerjee, que les nouvelles migrations avec Chen Zhen ou encore des traces de civilisation à travers le beau travail de Jacques Villeglé. Tout cela au service d’une « création d’un imaginaire collectif mondialisé ». Si les œuvres sont convaincantes, la pensée conductrice de fond déçoit quant à elle. L.C.-L.
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Franck Scurti, Snake Skin Map III, 2010 Peau de python — 68 × 87 cm
Courtesy de l’artiste et de la galerie Michel Rein © DR