Anna-Eva Bergman — Galerie Jérôme Poggi ••
« Anna-Eva Bergman — Peintures : 1977-1987 », Galerie Poggi du 28 juin au 23 août 2014.
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Depuis une vingtaine d’années, on n’avait plus vu d’œuvres d’Anna-Eva Bergman à Paris. La galerie Jérôme Poggi, avec les prêts exceptionnels de la Fondation Hans Hartung, rétablit ce tort en présentant un ensemble rare de toiles des dix dernières années de cette peintre norvégienne née en 1909. De 1977, date de sa grande rétrospective au musée d’Art moderne de la Ville de Paris jusqu’à 1987, année de sa disparition. À la galerie Jerôme Poggi, de petits et grands formats permettent d’appréhender sa métaphysique des paysages, dont le vocabulaire éminemment personnel constituera sa principale signature. Les lignes sont pures, guidées par une tradition picturale nordique. Planète, terre, montagnes… Anna-Eva Bergman semble mettre en équation le monde d’une façon simple et spontanée. Son illustration et expression de l’univers n’est pas celui des scientifiques mais bien celui des poètes. L.C.-L.
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Anna-Eva Bergman, Sans Titre, 1951 (Détail) — Encre de Chine et gouache sur papier — 35,90 x 53,80 cm — Pièce unique
Courtesy de la galerie Jérôme Poggi, Paris
Chiharu Shiota — Galerie Daniel Templon •••
« Chiharu Shiota — Small Room », Galerie Templon du 7 juin au 23 juillet 2014.
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Alors qu’elle vient d’être choisie pour représenter le Japon à la 56ème Biennale de Venise en 2015, Chiharu Shiota investit la galerie Daniel Templon avec une installation qui évoque l’étroitesse et les petits confins sans destiner à l’étouffement. L’espace ici est mental. Le titre l’annonce d’emblée.
Small Room nous met sur la piste de la littérature où la chambre est une métaphore des cloisons cérébrales. Le regard que Shiota pose sur ces captifs n’est plus teinté de bile noire, la gaité a repris le dessus, la vie peut continuer. Alors, certes, Shiota ligote encore et toujours, mais elle semble ouvrir les mailles, libérer les cordes, lâcher les amarres d’une réflexion moins obsessionnelle et moins rivée sur un passé figé. En somme, si les installations compriment encore la cage thoracique, elles n’étouffent plus le cerveau. L.C.-L.
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Dialogue from DNA, 2004 (Détail)
Courtesy galerie Daniel Templon Paris et Bruxelles — © Chiharu Shiota — Photo : Sunhi Mang
Sean Scully — Galerie Lelong •••
« Sean Scully — Doric », Galerie Lelong & Co du 15 mai au 11 juillet 2014.
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Réalisées entre 2008 et 2014, les peintures monumentales
Doric constituent certainement l’une des séries les plus emblématiques de Sean Scully. Leur accrochage à la galerie Lelong permet de les appréhender dans un rapport de proximité exceptionnel, découvrant une certaine intimité malgré leur grande dimension (environ 4m x 2,8 m) et révélant, en laissant filtrer la lumière du jour au cœur de l’espace, leur fantastique pouvoir de rayonnement. Hommage à la sobriété essentielle de l’ordre dorique, la série
Doric de Sean Scully fait revivre la majesté évidente des temples grecs, de leurs colonnes caractéristiques, dépouillées de tout ornement mais portant en elles une beauté paradoxale ; ces odes à la verticalité, à l’élévation, sont parcourues de lignes horizontales comme autant de veines d’une chair minérale que seul l’empilement permet d’ériger. De ces trésors du patrimoine, Sean Scully dévoile, dans ses compositions picturales, la tension essentielle, jouant à son tour avec ces lignes, leurs pleins et les vides qu’elles dévoilent. G.B.
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Sean Scully, Doric Angel, 2011 Huile sur aluminium — 280 × 406 cm (Détail)
Courtesy de l’artiste & galerie Lelong, Paris
À l’envers, à l’endroit… — Centre photographique d’Île-de-France •••
« À l’envers, à l’endroit… », CPIF — Centre photographique d’Ile-de-France du 7 mai au 13 juillet 2014.
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À l’envers, à l’endroit est une de ces expositions thématiques et collectives dont la réception nécessiterait un long et a fortiori passionnant travail de recherches pour en déplier tous les enjeux théoriques. L’exposition, visible au
CPIF de Pontault-Combault jusqu’au 13 juillet, a pour point de départ la troisième dimension de l’image, tant réelle que symbolique. C’est que l’évidence est telle qu’elle pourrait être oubliée : l’image photographique a une face et donc un revers, un cadre et donc un hors champ, et l’ensemble est signifiant. De fait, c’est l’épicentre d’une telle étendue des possibles conceptuels et plastiques, qu’il semble difficile d’épuiser en une visite le panorama des différents liens de ressemblances ou de dissonances qui se tissent entre les œuvres des quinze artistes invités. Car, et c’est là richesse plutôt que faiblesse, le propos de l’exposition est pluriel et ses limites sont généreuses. Menée au risque d’égarer le visiteur par de trop nombreuses problématiques, cette ouverture du sujet a au final la force de laisser l’espace de la complexité à chacune des œuvres présentées. M.C.
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Vue de l’exposition « À l’envers, à l’endroit… » au CPIF, 2014 (Détail)
Photo : Aurélien Mole
Françoise Huguier — Maison européenne de la photographie •••
« Françoise Huguier — Pinçe-moi, je rêve », MEP, Maison européenne de la photographie du 4 juin au 31 août 2014.
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Françoise Huguier aura tout fait, tout entrepris. De la mode au reportage, guidée par un même sens de l’anthropologie ou plus simplement d’une curiosité dévorante des territoires qu’elle ne connaît pas et des hommes qui les habitent. La Maison Européenne de la Photographie expose à cet égard les liens tissés avec
Libération en confiant la rédaction de tous les cartels à Gérard Lefort, grande plume du quotidien qui rend toute la fougue, la fraîcheur et la sagacité de la photographe. Même lorsqu’elle photographie des nonnes (magnifique petite salle dans laquelle a été déposée un prie-dieu en son milieu), Huguier désacralise le réel. L.C.-L.
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Françoise Huguier, Pêcherie, Noviport, presqu’île de Iamal, Sibérie, 1992 (Détail)
© Françoise Huguier / Agence VU’
Fabien Boitard — Galerie Derouillon •••
« Fabien Boitard — La Lumière est verte », Galerie Derouillon du 28 mai au 26 juillet 2014.
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Fabien Boitard nous aura prévenus. En apposant des grilles en couches épaisses de peinture noire de jais sur l’une de ses toiles, il acte par ce geste un droit d’entrée dans son monde. « No trespassing » semblent d’abord crier les toiles de Fabien Boitard. Comme dans
Citizen Kane. Il faudra alors faire effraction par le regard. Insister pour mieux voir. Un simple coup d’œil, du reste ne suffira pas à détecter et lire le monceau de références logées aux quatre coins de chaque toile. Mais une fois arrimés, les yeux auront du mal à se défaire des fantasmes à la palette criarde et volontiers outrée de Boitard. L.C.-L.
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Fabien Boitard, La battue, 2014 (Détail)
Courtesy of the artist & Galerie Derouillon, Paris
Thomas Hirschhorn — Palais de Tokyo •••
« L’état du ciel — Deuxième partie », Palais de Tokyo du 25 avril au 7 septembre 2014.
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La proposition de l’artiste repense la question de l’installation sans imposer de didactisme ou théorisation ; les montagnes de pneus qui limitent l’espace se dressent à la manière d’une barricade molle, d’une frontière plastique qui aurait proliféré au sein du Palais de Tokyo, dessinant les contours d’un espace de résistance où la création retrouve sa dimension participative, festive et engagée. Libre d’accès, pleine d’outils divers, cette installation, voire même cette invasion de Thomas Hirschhorn ramène le Palais de Tokyo au cœur de ses plus beaux objectifs ; une ouverture à tous les publics des moyens artistiques de penser notre société. G.B.
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Vue de l’exposition de Thomas Hirschhorn « Flamme éternelle », dans le cadre de la saison L’Etat du Ciel (25.04.14 — 23.06.14), Palais de Tokyo (Détail)
© Adagp, Paris 2014 — Photo : André Morin
Mémoires vives — Fondation Cartier ••
« La Fondation Cartier — 30 ans de mécénat libre et généreux », Fondation Cartier pour l’art contemporain du 10 mai au 21 septembre 2014.
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Si l’on pouvait craindre d’un tel événement un commissariat en demi-teinte, les rapports entre les artistes présentés étant assez ténus et l’ambition plus proche de l’auto-célébration que de la remise en question, ce premier accrochage d’une exposition dont les œuvres vont être remplacées tout au long de l’année révèle de très belles surprises. Si l’on regrette que cet anniversaire n’offre pas l’occasion d’une réflexion plus complète sur la vie de la fondation Cartier, la remise en question d’une spécificité qui a fait d’elle l’objet de critiques comme de louanges et installé au premier rang des institutions parisiennes, ce dessin en creux d’une collection aussi peu conventionnelle que pointue et, en tout état de fait, singulière, mérite largement de relancer les débats et lui redonne, d’une façon inattendue, le souffle qu’elle mérite. G.B.
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Cai Guo-Qiang, The Earth Has a Black Hole, Too, 1993, poudre à canon sur papier, 304 x 406 cm, collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris (acq. 1997) (Détail)
Bill Viola — Grand Palais
« Bill Viola », Les Galeries nationales du Grand Palais du 5 mars au 21 juillet 2014.
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Derrière les envolées spirituelles et la symbolique omniprésente, c’est à une expérience bien concrète que nous confronte Bill Viola, celle du temps présent, celui-là même qui est à l’œuvre dans le regard. Sous nos yeux, les images ne se succèdent pas, elles se forment, les couleurs s’emmêlent, se rencontrent et, des procédés à l’œuvre dans les vidéos de l’artiste émergent une pléiade de détails explosifs, motifs minuscules qui font se rencontrer matières, couleurs et formes. La contemplation et l’apparente lenteur cachent alors une infinité de révolutions. Une belle simplicité qui retourne les évidences ; l’artifice devient feu d’artifice. G.B.
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Bill Viola, Ascension, 2000 (Détail)
Courtesy of the artist & Bill Viola Studio, Long Beach, États-Unis
Robert Mapplethorpe — Grand Palais ••
« Robert Mapplethorpe », Les Galeries nationales du Grand Palais du 26 mars au 13 juillet 2014.
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S’il est relativement court, le parcours consacré à Robert Mapplethorpe au Grand Palais n’en est pas moins riche avec une concentration de près de 200 œuvres qui courent sur deux décennies d’une production qui porte en elle, dès ses débuts, la marque d’une quête, d’une recherche de l’émotion esthétique. D’un art radical à une image dominante, l’exposition dévoile l’ambiguïté constitutive de la démarche de Robert Mapplethorpe, creusant sans les sacraliser les sillons d’une œuvre aussi forte que déterminante de la représentation d’aujourd’hui. G.B.
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Robert Mapplethorpe, Lisa Lyon (Détail)
© Robert Mapplethorpe Foundation
Esther Ferrer — Mac/Val ••
« Esther Ferrer — Face B. Image / Autoportrait », MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne du 15 février au 13 juillet 2014.
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Avec cette très belle rétrospective intitulée
Face B. Image / Autoportrait, c’est une figure de l’art atypique et singulière qui se voit honorée par une institution française. Pionnière de l’art performatif et de l’implication de son propre corps comme sujet de ses œuvres, Esther Ferrer décline avec malice, dans cette exposition consacrée à ses « autoportraits », son visage à l’infini. Un monde ludique dans un espace temps, l’espace d’une vie. Dépouillée de toute fiction, cette multiplication de balises annule la linéarité du temps pour lui préférer une définition par soubresauts, par inspirations. Ce temps est proprement celui d’Esther Ferrer qui, à travers son art, ses gestes, sa pratique, offre le spectacle d’une véritable biographie universelle, d’une vie d’artiste, de la vie de l’art. G.B.
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Esther Ferrer, Vue de l’exposition « Face B. Image / Autoportrait », Mac/Val, 2014
© Slash-Paris