Todd Hido à La Galerie Particulière
Outre-Atlantique le seul nom de Todd Hido est gage de qualité. Un monument de la photographie, dirait-on aux Etats-Unis, dont il est originaire. En France, alors que se tient sa première exposition personnelle à La Galerie Particulière, le mythe reste à construire.
Todd Hido aurait pu être cinéaste. Le fantôme de Lynch plane en effet sur ses photographies ; femmes glamour « perruquées » dont le tragique est révélé par un maquillage qui a coulé, maisons trop parfaites pour être réelles, routes noires éclairées par des phares inquiétants, banlieues baignées d’un idéal à la tristesse diffuse… Mais le cinéma semble l’inspirer surtout par la technique qu’il utilise, au trépied et par poses longues d’un quart d’heure, dans un effet de présence saisissant. Présence qui semble restituer le monde dans son mouvement, tout autant que dans sa netteté, sa réalité. Les images de Todd Hido fonctionnent ainsi comme un fantasme de plan séquence. Dans ce temps long, Hido capte les lueurs, les couleurs surnaturelles des éclairages de supermarchés, les ciels cotonneux et veloutés. Si bien, qu’il est parfois difficile de croire qu’il n’a besoin d’aucune lumière additionnelle, aucun filtre. Sous son objectif, les façades des maisons sont bleues. La brume du soir, orangée. Le branchage des arbres dessinent d’incroyables ombres chinoises sur les murs. Ombres portées que seul un regard attentif au merveilleux quotidien saisit dans la réalité matérielle. Car Hido ne sublime rien si l’on ose dire, il restitue par la photographie le tableau du réel.
Ni transfiguration, ni sublimation donc, la démarche tient plus de l’évocation d’univers forts dans la mythologie moderne américaine. Maisons aux lignes graphiques pures, mélancolie des bâtiments dont la modalité de présence-absence est incarnée par une lumière intérieure allumée mais désertée par les hommes… En réactivant les souvenirs que l’on a jamais eus, Todd Hido met ainsi en branle une mémoire collective, dont la nostalgie hopperienne n’est jamais loin.