Panorama Mars 2019
Du Jeu de Paume à la Fondation Vuitton en passant par le Crédac, la rédaction pose un regard sans concession sur les expositions franciliennes du mois de mars.
Theaster Gates — Palais de Tokyo
« Theaster Gates — Amalgam », Palais de Tokyo du 20 février au 12 mai 2019. En savoir plus Avec Amalgam, l’exposition proposée par le Palais de Tokyo manque malheureusement l’occasion de mettre en valeur cette démarche unique. Une quinzaine d’œuvres dont une demi-douzaine d’installations comportant un ou plusieurs éléments et un film font triste figure dans un parcours qui met pourtant très justement à l’honneur un œuvre et une pratique qui s’inventent à mesure que Theaster Gates agit. S’il méritait ainsi très certainement de figurer en tête de proue de cette nouvelle saison du Palais, l’attribution des espaces principaux qui lui a été faite semble plus célébrer sa notoriété nouvelle que répondre au foisonnement créatif d’un nouveau projet. Lire la critique complèteJulie Béna — Le Jeu de Paume •
« Julie Béna — Anna & the Jester dans La Fenêtre d’Opportunité », Jeu de Paume, Concorde du 12 février au 2 juin 2019. En savoir plus Inspirée par des réalisateurs tels que Miyazaki, Ed Atkins ou Jordan Wolfson, la vidéo d’animation de Julie Béna nous plonge dans un univers aérien aux stigmates futuristes, où l’architecture, les jeux de transparence et les perspectives dessinent une traversée éthérée et vertigineuse où chaque surface semble constituer le dernier palier avant le vide. Avec une œuvre énigmatique et troublante, l’artiste parvient à insérer du jeu entre les lignes du réel et de la fantasmagorie, les univers visuels oscillant de l’anticipation ésotérique au ludisme de l’animation et surtout les biais d’une narration où silences, paroles énigmatiques s’accordent à une pensée du mouvement et de la progression qui passe par les sens, eux-mêmes trompés par les artifices de la création tridimensionnelle. G.B. Lire la critique complèteJulien Creuzet — Palais de Tokyo
« Julien Creuzet », Palais de Tokyo du 20 février au 12 mai 2019. En savoir plus L’exposition de Julien Creuzet entasse les matières et les sons, les formes de spatialisation contradictoires avec pour simple fil rouge des jeux de mots qui prennent bien soin de cocher les cases de l’autojustification en convoquant l’histoire, la fiction, la science-fiction et le temps pour offrir le contraire d’une narration ; l’allitération fiévreuse d’une complainte creusée d’oppositions manichéennes dont la simple « performativité » fantasme l’effectivité. G.B. Lire la critique complèteLuigi Ghirri — Jeu de Paume ••
« Luigi Ghirri — Cartes et territoires », Jeu de Paume, Concorde du 12 février au 2 juin 2019. En savoir plus Ghirri s’approprie des paysages de fiction usant de l’image pour reproduire le fantasme d’une géographie lointaine. Sa photographie, si elle en neutralise les effets, révèle pourtant la part ambiguë de la propension de la société à l’évasion. C’est certainement cette part d’imaginaire, cette invitation radicale, sous ses airs de catalogue raisonné du réel qui touche le plus au sein de l’exposition, chaque petit format se révélant fenêtre possible sur un monde dont l’équilibre ne tient que sur l’instant de sa captation et notre propre capacité à la recevoir. G.B Lire la critique complèteRosemarie Castoro — Galerie Thaddaeus Ropac ••
L’exposition s’intègre dans un mouvement salutaire de réévaluation de l’histoire moderne de l’art à l’aune de ses impasses (ici) misogynes. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler que l’œuvre de Castoro, au-delà de tout jugement sur sa valeur intrinsèque, a bien été tenu, dans de nombreux cas avérés comme le rappelle la commissaire Anke Kempkes, en dehors des institutions muséales et artistiques en raison de son sexe. Il y a toujours chez elle une forme de drôlerie, de décalage et d’amusement qui fait d’elle une voix véritablement singulière dans le minimalisme d’alors. G.B Lire la critique complète
Des attentions — Le Crédac, Ivry
« Des attentions », Le Crédac, Centre d’art contemporain d’Ivry du 18 janvier au 31 mars 2019. En savoir plus Interpellée, sollicitée, ignorée ou rendue à sa liberté, l’attention devient objet fluctuant à travers toutes ces propositions dont la réunion, née du dixième anniversaire du programme curatorial parallèle mené par le Crédac sur le web, rejoue ce pas de côté, une latéralisation de la proposition forçant le corps à suivre, à dévier à son tour vers l’inconnu pour recevoir ou participer d’un contenu de sens se déployant par ondes éparses. G.B Lire la critique complèteLa Collection Courtauld — Fondation Louis Vuitton ••
« La Collection Courtauld — Le parti de l’impressionnisme », Louis Vuitton du 20 février au 17 juin 2019. En savoir plus Proposant un parcours aéré et de qualité même si, collection personnelle oblige, les œuvres sont parfois inégales, l’exposition offre une scénographie osée avec ses couleurs marquées donnant à chaque salle une véritable identité avec, à noter, une excellente visibilité des tableaux grâce à un éclairage subtil (magnifiant même celles sous verre). Un pari réussi qui, en plus de son équilibre avec une centaine de pièces, s’attache réellement à travailler l’identité d’un collectionneur singulier et parvient à dessiner une perspective sur des œuvres ancrées dans l’imaginaire collectif. G.B Lire la critique complètePaul Pouvreau — CPIF, Pontault-Combault ••
« Paul Pouvreau — Le magazine des jours », CPIF — Centre photographique d’Ile-de-France du 19 janvier au 14 avril 2019. En savoir plus Dans ce théâtre du quotidien — la maison, la ruine, la rue, le chantier, la périphérie -, Paul Pouvreau fouine. Avec son appareil, il décortique les angles bizarres, les rebuts, charognes, décombres (comme le fait aussi bien la photographe Julie Hascoët dans son livre du même nom), mais aussi les point de fuite absurdes, les paréidolies, tout cela afin de construire de nouvelles images. Avec ces perspectives qui ouvrent souvent sur quelque chose de loufoque, Paul Pouvreau bâtit un monde à la banalité sublime : les architectures se distordent et les figure hybrides se rencontrent dans une osmose brinquebalante. C.T. Lire la critique complèteFlorence Lazar — Jeu de Paume ••
parcours rétrospectif exigeant proposé par le Jeu de Paume trace une diagonale d’enjeux sociaux et historiques intéressante dans le rapport de l’artiste à l’extériorité, son déplacement vers des zones géographiques éloignées et la proximité parfois autobiographique du thème abordé. Une série de photographies borde la demi-douzaine de vidéos qui sont autant de plongées dans des histoires riches et accidentées nous emmenant de la Serbie à la Martinique, de l’intimité d’un salon familier à une rue du quartier de La Goutte d’Or. G.BLa Vérité n’est pas la vérité — Maba de Nogent •
« La Vérité n’est pas la Vérité », La MABA du 17 janvier au 20 avril 2019. En savoir plus Si ses fondations s’intègrent d’emblée dans les paradoxes d’une époque qui cherche ses outils intellectuels de résistance, l’exposition agit comme un révélateur des ambiguïtés de son sujet et, prenant le risque de multiplier les perspectives, manque certes d’une consistance absolue mais parvient, par la réussite singulière de certaines pièces, à frayer un chemin vers une pensée véritablement nouvelle, libérée du piège de la seule performativité du discours. G.B Lire la critique complèteLa Rivière m’a dit — Le Plateau, Paris ••
« La Rivière m’a dit — Exposition collective », Frac île-de-france, le Plateau du 23 janvier au 14 avril 2019. En savoir plus Toujours aussi juste et subtil dans ses choix, se refusant à toute facilité et allant même à l’encontre d’ambiguïtés de sens, ce commissariat de Xavier Franceschi évolue avec une légèreté et une profondeur qui célèbre la complexité autant que l’attractivité éthérée des œuvres présentées. L’exposition articule en cela un souci écologique porté par une logique d’échos où les mondes autarciques partagent et profitent chacun de manière singulière d’une nature qui se révèle dans sa neutralité essentielle. G.B Lire la critique complèteLire la critique complèteIci sont les dragons 1/3 — Maison populaire, Montreuil ••
« Ici sont les dragons 1/3 — Parce que nous le valons bien », Maison populaire du 16 janvier au 30 mars 2019. En savoir plus Plus qu’un exposé théorique, ce premier volet d’ Ici sont les dragons propose une exposition totalement immersive où le corps, au centre des enjeux, se voit réceptacle et acteur de bouleversements qui dessinent un portrait édifiant et bouleversant de notre société. Laissant presque au second plan la volonté discursive du texte de présentation, la qualité, l’efficacité et l’intelligence des œuvres sélectionnées noient l’attention sous un déluge d’émotions fantastiques, ouvertes et profondes. G.B Lire la critique complèteAriane Loze — Centre d’Art contemporain Chanot, Clamart ••
« Ariane Loze — Nous ne sommes pas, nous devenons », Centre d'Art Contemporain Chanot CACC du 26 janvier au 31 mars 2019. En savoir plus Si l’on pouvait craindre une redondance et une perte de la fraîcheur d’invention dans la mise à l’épreuve d’un dispositif qui s’appliquerait à l’envi aux multiples situations qu’elle aborderait, cette exposition a le mérite de faire immédiatement tomber les masques. La production d’Ariane Loze est déjà riche d’un corpus multiple aux rebondissements inattendus, aux tonalités sans cesse réinventées avec une intelligence jubilatoire. G.B Lire la critique complèteEx-East — Siège du parti communiste, Paris
Si, selon le commissaire, le projet était « en germe depuis longtemps », le titre même de l’exposition, jeu de mots légèrement daté, peine à cacher le manque de cohérence d’un regroupement qui recèle pourtant quelques œuvres d’envergure. Une déception tant les outils scénographiques, des grilles brutes au cœur de l’architecture exceptionnelle et radicale du bâtiment de Niemeyer, sont intelligents et auraient pu inscrire la diversité formelle dans une continuité intéressante. Mais les œuvres, questionnements et techniques, loin de se répondre, ne partagent que rarement les thématiques communes et n’engagent surtout jamais de dialogue. G.B Lire la critique complète