Panorama novembre 2018
Du Centre Pompidou à la fondation Vuitton en passant par la Galerie de Noisy-le-Sec, la rédaction pose un regard sans concession sur les expositions franciliennes du mois d’octobre.
Jean-Michel Basquiat — Fondation Louis Vuitton •
« Jean-Michel Basquiat », Louis Vuitton du 3 octobre 2018 au 21 janvier 2019. En savoir plus L’exposition, sans briller par son audace, s’impose dans une étonnante simplicité, une sobriété qui vient doucher les craintes d’une démarche opportuniste de la fondation que l’on pouvait nourrir, sans pour autant éviter toutes les fautes de goût. À l’image finalement de ce parcours chronologique « thématisé » qui assure une étrange atmosphère d’apaisement, un calme bienvenu, même si un peu paradoxal. Si l’on peut regretter la relative froideur d’une sélection de toiles qui ne laisse que peu de place à la surprise, cette lecture d’un Basquiat fait preuve d’une humilité qui modèlera certainement le regard à venir sur son œuvre. G.B. Lire la critique complète
Tadao Ando — Centre Pompidou •
« Tadao Ando — Le Défi », Centre Georges Pompidou du 10 octobre au 31 décembre 2018. En savoir plus Une rétrospective aérée et immersive où les travaux de l’architecte se révèlent par l’expérience, figurant en cela assez pertinemment sa ligne directrice et son rapport au corps. Sans révolutionner le genre, Le Défi présenté au Centre Pompidou égrène les projets dans une scénographie intéressante qui souligne le rapport intrigant de l’architecte à la verticalité de la lumière, à son accueil et sa modulation à la surface de la terre. G.B.
Egon Schiele — Fondation Vuitton ••
« Egon Schiele », Louis Vuitton du 3 octobre 2018 au 14 janvier 2019. En savoir plus Figure hypnotique et vénéneuse, Egon Schiele continue d’entretenir une fascination légitime qui trouve à la fondation Vuitton son point d’orgue avec une exposition courte, dense et forcément parcourue de moments de grâce, légèrement ternie par une mise en scène trop linéaire qui limite la force singulière de ses somptueux dessins. Un hommage bienvenu et une occasion toutefois d’admirer la force des compositions de ce maître. G.B.
Mélanie Matranga — Villa Vassilieff •••
« Mélanie Matranga — • — • », Villa Vassilieff du 21 septembre au 22 décembre 2018. En savoir plus Dans ses doutes, sa simplicité et son ambition totale, Mélanie Matranga fait résonner un sentiment formidablement contemporain, où l’engagement passe, bien plus qu’avec une dialectique et une posture, par une forme de narration sentimentale et une lutte dynamique avec l’imposture, avec une pudeur qui met en cause sa propre condition, qui met en crise ce sujet qu’elle est devenue. Activant la problématique fondamentale du créateur face à son discours, la question de sa légitimité, d’en « être là », elle déploie en négatif un « là » qu’elle fait proprement être. Un « là » absolu et fragile à la fois d’un art sentimental et relationnel qui pourrait bien, à mesure qu’il se développe, dessiner les contours d’un vertigineux œuvre à venir. G.B. Lire la critique complète
Tatiana Trouvé — Galerie Kamel Mennour •••
Pour ses retrouvailles avec la scène parisienne, Tatiana Trouvé revient avec une proposition plus brute, plus épurée et toujours aussi convaincante où la délicatesse de son intervention sur le monde se pare d’une force sourde et, dans l’impossible tranquillité de ses inventions éparses, prolonge et précise sa poétique de la gravité. Une exposition saisissante. G.B. Lire la critique complète
Une rétrospective du Grand Palais qui offre un Miro dans toute son ampleur, ne craignant pas d’en révéler une disparité parfois déconcertante mais qui dresse un portrait fidèle et souligne, dans la dernière partie du parcours, la puissance de ses œuvres monumentales qui justifient l’engouement exceptionnel dont il jouit aujourd’hui encore. G.B.
La Galerie de Noisy-le-Sec présente une exposition qui, malgré quelques limites dans sa présentation, met un point (virgule) fabuleux à plusieurs années d’une programmation et d’une ambition uniques, tout entières tournées vers l’autre sans jamais avoir perdu l’exigence d’une création consciente de sa place dans l’histoire et dans le présent. G.B. Lire la critique complète
Affirmant sa liberté fantasmatique, l’art de la caricature et de l’outrage trouve à la galerie Semiose une caisse de résonance placée sous le signe de la jouissance autour des femmes de Steve Gianakos. Avec la participation d’artistes passionnants de la galerie parmi lesquels documentation celine duval, Hippolyte Hentgen, Dorothy Iannone, Françoise Pétrovitch ou Nancy Spero, Steve & The Girls offre une débauche des sens comme un exutoire qui ne renonce pas pour autant à questionner la domination masculine dans l’histoire de l’art. G.B.
Alejandro Cesarco — Jeu de Paume ••
« Alejandro Cesarco — Apprendre la langue (présent continu I) », Jeu de Paume, Concorde du 16 octobre 2018 au 27 janvier 2019. En savoir plus Apprendre la langue (présent continu I) se donne ainsi comme une œuvre d’une sensibilité et d’une intelligence bouleversantes dont le format court permet d’extraire toute la force. Une beauté à double entrée, aussi liée à la théorie du langage, aux multiples références littéraires, artistiques et scientifiques qui constellent cette présentation que capable de révéler en elle-même, à tous ses spectateurs, un doute fondamental et stimulant par le biais d’une poétique de l’attention, à l’affect, à l’autre, à ses silences et à ses gestes. G.B. Lire la critique complète
