Glenn Brown — Galerie Max Hetzler
Pour sa première exposition personnelle à Paris, la galerie Max Hetzler a choisi de présenter les dessins de Glenn Brown (né 1966, vit et travaille à Londres), artiste anglais dont les peintures ont fait le tour du monde.
Virtuose, son œuvre revisite l’histoire de l’art en s’appropriant des modèles, des couleurs ou des motifs qui jalonnent l’iconographie mondiale. Mais si ses peintures tendent généralement à l’explosivité des teintes, à la fulgurance des couleurs, ses dessins à l’encre indienne (parfois rehaussés de pointes d’acrylique) révèlent au plus profond la technique fascinante de l’artiste qui fait de chacune de ses compositions un hommage saisissant au classicisme autant qu’une réinscription du geste, du tracé dans une histoire qui se poursuit au présent.
S’inspirant ici de peintres classiques tels que Delacroix, Van Dyck, Greuze, ou encore De Gheyn, Glenn Brown en reprend les codes et s’approprie leurs figures pour les mêler dans des compositions épurées superposant les silhouettes. Son utilisation de feuilles transparentes permet ainsi de s’approprier le médium comme un véritable objet tridimensionnel, autour duquel le corps de l’artiste et son dessin peuvent tourner. Les lignes des visages et des silhouettes s’étirent ainsi avec grâce et subtilité en compositions végétales. Loin de les figer, la « relecture » de Glenn Brown, en les confondant et les confrontant, en révèle toute la dynamique de vie. Chacune de ses œuvres devient dès lors un vortex attirant à lui la force essentielle de ces motifs qui traversent les siècles et continuent d’inspirer le regard.
Tout en retenue, la galerie Max Hetzler offre donc une exposition dépouillée, laissant un espace de respiration salutaire à ces œuvres qui n’en vivent que mieux. En témoigne sa sculpture intrigante, une masse de peinture apposée sur une armature en fibre de verre et métal reposant sur un pied d’une finesse extrême. Chaque cavité, chaque pore de ce Lazarus semble vibrer avec une intense singularité et rappelle, en filigrane, cette tentation de l’artiste de ramener à la vie les forces des images du passé, tout comme le mythe raconte la résurrection de Lazare de Béthanie, dont le corps momifié remis sur pied a largement inspiré l’iconographie religieuse. Hommage et appropriation, Glenn Brown poursuit un chemin singulier qui émerveille et impose sa propre vision en surimpression pour révéler la vibration essentielle à l’œuvre dans l’histoire de l’art.
L’exposition Glenn Brown, Dessins, se tient du 5 septembre au 10 octobre 2015 à la galerie Max Hetzler, 57 rue du Temple, 75004 Paris, du mardi au samedi de 11h à 19h — Site Internet